Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé jeudi les premières livraisons de gaz turc provenant d’un gisement de la mer Noire, à quelques semaines des élections générales, alors qu’Ankara vise l’indépendance énergétique.
Cette livraison intervient alors que M. Erdogan s’engage dans un combat serré lors des élections du 14 mai, largement considérées comme les plus importantes de l’histoire moderne de la Turquie. En 2020, la Turquie a découvert des réserves de gaz au large de la province de Zonguldak, à environ 400 km à l’est d’Istanbul sur la côte de la mer Noire. À l’époque, M. Erdogan l’avait qualifié de « plus grand gisement de gaz naturel de l’histoire de la Turquie », qui permettrait au pays d' »assurer sa sécurité énergétique » et ainsi se libérer de sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergie.
Il avait alors fait état de « réserves estimées à 320 milliards de mètres cubes ». En juin 2022, la Turquie avait officiellement lancé l’exploitation et commencé la construction d’un gazoduc sous-marin qui devait lui permettre de produire 10 millions de mètres cubes de gaz par jour au cours de la première phase et jusqu’à 40 millions de mètres cubes par jour après la mise en service d’autres puits, selon M. Erdogan.
Selon les experts, ces 10 millions de mètres cubes de gaz par jour permettraient de couvrir environ 6% de la consommation annuelle de la Turquie, qui s’élève à 60 milliards de mètres cubes, ce qui donnerait un coup de fouet à l’économie. « Il s’agit d’une étape historique sur la voie de l’indépendance énergétique de la Turquie », a déclaré M. Erdogan, lors d’une cérémonie à Zonguldak retransmise en direct à la télévision turque. « Lorsque nous aurons atteint notre pleine capacité, nous répondrons à 30% des besoins en gaz de notre pays » grâce aux réserves de la mer Noire, a-t-il affirmé. L’année dernière, 40% du gaz consommé en Turquie provenait de Russie.
Elle importe également du gaz d’Azerbaïdjan et d’Iran, ce qui incite Ankara à chercher des moyens de diversifier ses approvisionnements, en particulier après le déclenchement de la guerre russe contre l’Ukraine l’année dernière. L’inflation dans le pays atteint 50,5% sur un an et la livre est en chute libre, ce qui rend le coût de la vie difficile à supporter pour la plupart des Turcs.