Le bilan mondial du gaz reste « fragile » en 2024, selon l’International Energy Agency (IEA). La croissance limitée de la production de gaz naturel liquéfié (GNL) maintient un approvisionnement serré face à une demande mondiale en hausse.
Les données préliminaires de l’IEA indiquent que la consommation de gaz a augmenté de 2,8 % en glissement annuel au cours des trois premiers trimestres de 2024, dépassant largement le taux de croissance moyen de 2 % enregistré entre 2010 et 2020. Cette augmentation est principalement tirée par les marchés en forte croissance de la région Asie-Pacifique.
Demande en hausse
La demande mondiale de gaz devrait atteindre un niveau record de 4 200 milliards de mètres cubes (Bcm) en 2024, avec une croissance de plus de 2,5 %. L’Asie-Pacifique devrait absorber près de 45 % de cette augmentation, soutenue par une expansion économique continue dans les marchés asiatiques dynamiques.
L’industrie et l’utilisation énergétique émergent comme principaux moteurs de cette croissance, contribuant à plus de la moitié de l’augmentation de la demande. En Europe, la demande industrielle de gaz montre des signes de reprise, bien qu’elle reste inférieure aux niveaux d’avant la crise.
Perspectives de l’offre
Malgré une demande croissante, l’IEA souligne que l’offre de gaz demeure fondamentalement serrée, avec une croissance limitée de la production de GNL. Au cours des neuf premiers mois de 2024, la production mondiale de GNL n’a augmenté que de 2 % en glissement annuel, bien en deçà de la moyenne annuelle de 8 % enregistrée entre 2016 et 2020.
Les retards de projets et les problèmes d’approvisionnement en gaz pour certains producteurs historiques, dont l’Angola, l’Égypte et Trinidad et Tobago, ont freiné la croissance de la production de GNL. Toutefois, la mise en service prévue du terminal d’exportation de GNL Plaquemines aux États-Unis et du FLNG Tortue au large des côtes d’Afrique de l’Ouest devrait améliorer la disponibilité de l’offre de GNL au quatrième trimestre.
Impact des tensions géopolitiques
Les tensions géopolitiques continuent de provoquer une volatilité des prix du gaz en Europe et en Asie. Les marchés restent sensibles aux mouvements inattendus de l’offre ou de la demande, comme l’incursion ukrainienne en Russie en août dernier, qui a exacerbé les incertitudes sur le marché.
Les prix du gaz en Europe et en Asie ont fluctué tout au long de l’année, reflétant les préoccupations concernant la stabilité de l’approvisionnement. Par exemple, le prix de référence TTF des Pays-Bas a oscillé entre un creux de 22,95 €/MWh en février et un pic récent de 55,23 €/MWh en octobre 2023.
Transit ukrainien incertain
L’IEA met en lumière l’incertitude entourant le transit du gaz russe via l’Ukraine, un élément clé avant l’hiver 2024/2025. Les accords de transit et d’interconnexion entre la Russie et l’Ukraine expirent à la fin de 2024, ce qui pourrait interrompre les livraisons de gaz pipé vers l’Europe à partir de janvier 2025.
La fin du transit obligerait l’Europe à compter davantage sur ses réserves et sur des approvisionnements alternatifs, principalement le GNL, augmentant ainsi les besoins de remplissage des réserves estivales. Cette situation pourrait intensifier la concurrence avec les acheteurs asiatiques pour les cargaisons de GNL flexibles, conduisant à des fondamentaux de marché plus serrés.