Le gouvernement équatorien risque de perdre environ 1,2 milliard de dollars par an si le « oui » l’emporte lors d’un référendum sur la suspension des forages pétroliers dans un parc naturel de l’est amazonien du pays, a affirmé mercredi le ministre de l’Energie Fernando Santos.
La Cour constitutionnelle a donné mardi son feu vert à cette consultation, réclamée depuis dix ans par les écologistes afin de maintenir « indéfiniment dans le sous-sol » le pétrole du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), également connu sous le nom de bloc 43.
55 000 barils par jour
Ce bloc pétrolier, situé dans le parc amazonien de Yasuni, produit actuellement environ 55.000 barils par jour. « C’est environ 20 millions de barils par an » de production dans l’ITT, a déclaré sur un média local M. Santos. « A 60 dollars (le baril), nous parlons de 1,2 milliard de dollars (par an) de revenus en moins dans un pays qui a d’énormes besoins », a-t-il affirmé.
Le pétrole est l’une des principales sources de financement de l’économie dollarisée de l’Equateur, qui a produit en moyenne 469.000 barils par jour en janvier et février. Après l’approbation de la Cour constitutionnelle, le Conseil national électoral doit organiser dans les deux mois qui viennent le référendum dont le résultat aura force de loi. Il y aura une campagne « pour la défense de la vie, la défense de Yasuni », a promis de son côté à la presse l’écologiste Esperanza Martinez, membre du groupe à l’origine de la demande de consultation en 2013, avant le début de l’exploitation du bloc ITT.
Le gouvernement du président socialiste Rafael Correa (2007-2017) a préconisé d’éviter l’extraction dans le bloc en échange d’une compensation internationale de 3,6 milliards de dollars, mais son initiative a échoué et l’extraction a commencé en 2016, après que le même président Correa a donné l’autorisation d’exploiter.
Réserve mondiale de la biosphère
La réserve de Yasuni, qui couvre près d’un million d’hectares, a été déclarée réserve mondiale de biosphère en 1989 par l’Unesco et abrite des peuples indigènes nomades (dont les Waorani), parmi lesquels deux tribus qui y vivent en isolement volontaire. C’est la plus grande des aires protégées continentales de l’Equateur, qui compte un total de 44 parcs naturels.
Outre le bloc ITT, situé dans la province d’Orellana et avec des réserves estimées à environ 1 milliard de barils, d’autres champs pétrolifères sont en production dans la réserve de Yasuni. La Cour a établi qu’en cas de vote positif, il sera nécessaire d’accorder un délai d’un an pour l’exécution de l’arrêté, au cours duquel il sera procédé à un retrait progressif et ordonné de toutes les activités pétrolières dans l’ITT. L’Etat ne pourra plus établir de nouvelles relations contractuelles pour poursuivre l’exploitation du même bloc.