articles populaires

EPR de Taishan: Dissension sur la Sécurité Nucléaire

L’EPR de Taishan en Chine se retrouve sous les feux des projecteurs suite aux accusations de négligence de la chaîne américaine CNN.|L’EPR de Taishan en Chine se retrouve sous les feux des projecteurs suite aux accusations de négligence de la chaîne américaine CNN.

Partagez:

L’EPR de Taishan se retrouve sous les feux des projecteurs suite aux accusations de négligence de CNN. Ce scandale relance les critiques du nucléaire civil, d’autant plus virulentes que les autres projets d’EPR accumulent retards et surcoûts.

 

L’EPR de Taishan sous le feu des Américains

Le 14 juin 2021, le média américain CNN accuse la Chine de dissimuler une fuite survenue dans la centrale nucléaire de Taishan. La chaîne appuie ses accusations sur une lettre envoyée par Framatome au département de l’Énergie américain le 8 juin 2021.

Framatome aurait demandé une assistance technique aux États-Unis, pour faire face à « une menace radiologique imminente ». CNN accuse également les autorités chinoises d’avoir rehaussé les limites acceptables de radiation à l’extérieur du site.

La centrale de Taishan, au sud de la Chine, est constituée de deux réacteurs EPR, d’une capacité de 1750 MW chacun. Elle fut conçue par Framatome, une filiale du groupe EDF, et est exploitée par China General Nuclear Power Group (CGN). Ce sont les deux réacteurs nucléaires civils les plus puissants au monde.

 

epr de taishan
Crayon de combustible (pastille de dioxyde d’uranium) nucléaire (Source : edf.fr)

 

Un incident ni rare ni isolé

L’annonce de CNN fait en réalité référence à un problème technique survenu dans le circuit primaire du réacteur 1 de la centrale. Suite à la dégradation de la gaine de quelques crayons (tubes de quatre mètres qui renferment les pastilles de dioxyde d’uranium empilées), des gaz rares se seraient propagés dans le circuit primaire. Mais selon EDF, l’incident n’est pas un phénomène rare, ni isolé.

En réalité, le circuit est conçu afin que les gaz puissent être collectés et traités. L’entreprise refuse donc de parler de contamination, mais plutôt de rejets maîtrisés.

Par ailleurs, EDF était déjà au courant de la présence de gaz rares dans le circuit primaire depuis octobre 2020. L’alerte aurait fait suite à une hausse de la concentration des gaz, mais la situation était maîtrisée selon l’entreprise.

 

Des différences protocolaires entre la France et la Chine

En outre, EDF l’affirme : les taux relevés par les indicateurs environnementaux sont inférieurs aux seuils validés par l’autorité de sûreté chinoise. Bien que ces seuils soient plus élevés que ceux français, ils restent dans la moyenne internationale.

Mais surtout, les médias critiquent fortement le refus de CGN d’arrêter la centrale afin d’évaluer la situation. Des différences protocolaires entre la Chine et la France sont donc à l’origine de l’indignation qui a nourri l’affaire. Il n’y a cependant pas de preuve que cette décision fut néfaste à un fonctionnement sécuritaire de la centrale.

 

Une affaire qui relance les critiques anti-nucléaires

L’annonce de CNN a déferlé une houle de critiques sur le nucléaire civil de la part des politiciens et des universitaires. Les plus virulents dénoncent l’EPR comme une « catastrophe pour la sécurité et la démocratie ». Nombreux appellent à l’arrêt des projets.

Pour sa part, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, déclare refuser de laisser l’affaire influencer sa position. En effet, bien qu’opposée au développement de l’EPR en France, elle conseille de ne pas prendre de décision réactionnaire. La ministre plaide plutôt pour une réflexion concrète et sérieuse sur la question, détachée des événements survenus.

Malgré tout, l’affaire tombe mal pour EDF. En effet, la société espère développer six EPR additionnels en France et de nombreux autres à l’international. Les retards amassés par les projets en cours comme celui de Flamanville, cumulés à ce scandale, risquent de reporter ces discussions au prochain quinquennat.

 

epr de taishan
L’EPR de Flamanville en construction en Normandie depuis 2007 (Source : transitionenergetique.com)

 

Taishan 1 et 2 ou les seuls EPR du monde

Le réacteur pressurisé européen (EPR) est un réacteur à eau pressurisée de 3e génération, capable de déployer une puissance de 1600 MW. Technologie franco-allemande, elle se veut plus sécurisée, plus performante et plus rentable. L’EPR est à ce jour la technique de fission nucléaire la plus puissante et son développement international est en expansion.

À ce jour, seuls deux réacteurs EPR sont en service : Taishan-1 (2018) et Taishan-2 (2019). La Chine est donc l’unique représentante de la technologie. Quatre autres projets sont également en construction : un en Finlande et en France, et deux au Royaume-Uni. Cependant, ces projets accumulent les retards et les surcoûts (+15 milliards d’euros pour la France). Leur mise en service, prévue pour certains depuis 2012, se fait toujours attendre.

 

La rivalité sino-américaine au cœur de l’incident

Bien que l’incident fasse scandale, il est anodin. Un tel phénomène s’observe régulièrement dans les centrales françaises alors même que les règles de sécurité sont plus strictes qu’en Chine. Pourtant, seuls EPR en activité, le scandale de Taishan conteste la crédibilité de cette technologie.

Enfin, la gestion du scandale par les médias américains interroge. Alors que les rivalités sino-américaines sont au plus fort, l’affaire relance les craintes liées au développement du nucléaire chinois.

Inscrivez-vous gratuitement pour un accès sans interruption.

Publicite

Récemment publiés dans

À Bakou, la COP29 s’enlise dans une impasse. La Chine refuse le projet d’accord sur le financement climatique, aggravant les tensions Nord-Sud et compromettant les objectifs mondiaux face à la crise climatique.
Face à un marché pétrolier sous pression, la Russie et l’Irak consolident leur coopération au sein de l’OPEP+ pour stabiliser les prix. Cette alliance, cruciale pour leurs économies, illustre la complexité des équilibres géopolitiques et énergétiques.
Face à un marché pétrolier sous pression, la Russie et l’Irak consolident leur coopération au sein de l’OPEP+ pour stabiliser les prix. Cette alliance, cruciale pour leurs économies, illustre la complexité des équilibres géopolitiques et énergétiques.
Téhéran avertit que la résolution des pays européens visant à condamner son programme nucléaire à l’AIEA risque de perturber gravement les relations avec l’agence onusienne, alors qu’un vote crucial est prévu.
Téhéran avertit que la résolution des pays européens visant à condamner son programme nucléaire à l’AIEA risque de perturber gravement les relations avec l’agence onusienne, alors qu’un vote crucial est prévu.
Les négociations de la COP29 illustrent les enjeux cruciaux de la diplomatie énergétique, où financement climatique et engagements sur les énergies fossiles divisent pays développés et en développement.
Les négociations de la COP29 illustrent les enjeux cruciaux de la diplomatie énergétique, où financement climatique et engagements sur les énergies fossiles divisent pays développés et en développement.
Alors qu’il accueillera la COP30 en 2025, le Brésil, producteur majeur de pétrole, veut jouer un rôle clé dans la transition énergétique en promouvant un débat global sur la réduction progressive des combustibles fossiles.
Le géant pétrolier brésilien Petrobras envisage un retour en Argentine, attiré par le potentiel de Vaca Muerta et un nouvel accord de coopération énergétique entre les deux nations.
Le géant pétrolier brésilien Petrobras envisage un retour en Argentine, attiré par le potentiel de Vaca Muerta et un nouvel accord de coopération énergétique entre les deux nations.
Le Suriname et la Chine ont signé un accord pour rééchelonner une dette de 475 millions de dollars, première étape pour relancer l'économie du pays sud-américain, en crise malgré ses vastes réserves pétrolières.
Le Suriname et la Chine ont signé un accord pour rééchelonner une dette de 475 millions de dollars, première étape pour relancer l'économie du pays sud-américain, en crise malgré ses vastes réserves pétrolières.
Les États-Unis et les Européens ont présenté une résolution à l’AIEA pour condamner l’Iran, accusé de ne pas coopérer pleinement sur son programme nucléaire. Téhéran met en garde contre les répercussions de cette décision.
Les États-Unis et les Européens ont présenté une résolution à l’AIEA pour condamner l’Iran, accusé de ne pas coopérer pleinement sur son programme nucléaire. Téhéran met en garde contre les répercussions de cette décision.
À COP29, le Japon suit la ligne européenne sur les contributions financières climatiques et adopte une approche mesurée sur le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), tout en examinant ses objectifs énergétiques à long terme.
La Chine investit massivement dans le secteur énergétique brésilien, avec des projets structurants dans la production et la transmission d’électricité, accélérant le développement économique et l'intégration des réseaux électriques du pays.
La Chine investit massivement dans le secteur énergétique brésilien, avec des projets structurants dans la production et la transmission d’électricité, accélérant le développement économique et l'intégration des réseaux électriques du pays.
La COP29, tenue à Bakou, attire l'attention sur la présence massive de représentants des énergies fossiles. Entre lobbying et nécessité énergétique, le débat sur leur rôle dans la transition climatique s'intensifie.
La COP29, tenue à Bakou, attire l'attention sur la présence massive de représentants des énergies fossiles. Entre lobbying et nécessité énergétique, le débat sur leur rôle dans la transition climatique s'intensifie.
Cuba, frappée par deux ouragans et une crise énergétique aiguë, reçoit un soutien renforcé de la Russie, incluant dons financiers, équipements et un partenariat éducatif pour développer son secteur énergétique.
Cuba, frappée par deux ouragans et une crise énergétique aiguë, reçoit un soutien renforcé de la Russie, incluant dons financiers, équipements et un partenariat éducatif pour développer son secteur énergétique.
Les tankers liés aux pays du G7 reprennent du service en Russie, atteignant leur plus haut niveau en sept mois, profitant des opportunités offertes par la faiblesse du prix du brut russe sous le plafond de 60 $/b.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
La COP29 inaugure un cadre réglementaire pour les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises, sous la houlette de l'ONU, avec pour objectif d'assurer la fiabilité de ces transactions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La COP29 inaugure un cadre réglementaire pour les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises, sous la houlette de l'ONU, avec pour objectif d'assurer la fiabilité de ces transactions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Lors de l'ouverture de la COP29 à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réaffirmé le droit de son pays à exploiter ses ressources naturelles. Les pays en développement plaident, de leur côté, pour une aide financière accrue des nations riches.
Lors de l'ouverture de la COP29 à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réaffirmé le droit de son pays à exploiter ses ressources naturelles. Les pays en développement plaident, de leur côté, pour une aide financière accrue des nations riches.
À la COP29, l’Azerbaïdjan presse les négociateurs pour une adoption rapide des règles de l’Article 6, un enjeu crucial pour les marchés internationaux de crédits carbone. Les pourparlers s'intensifient à Baku, mais des obstacles demeurent.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Le Venezuela et la Russie ont signé plusieurs accords militaires et pétroliers visant à renforcer leur coopération, consolidant ainsi une alliance stratégique qui s'étend jusqu'en 2030 et au-delà.
Le Venezuela et la Russie ont signé plusieurs accords militaires et pétroliers visant à renforcer leur coopération, consolidant ainsi une alliance stratégique qui s'étend jusqu'en 2030 et au-delà.
Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, Ursula von der Leyen a proposé à Donald Trump d'accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain pour remplacer le gaz russe en Europe.
Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, Ursula von der Leyen a proposé à Donald Trump d'accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain pour remplacer le gaz russe en Europe.
Huit agences thaïlandaises signent un accord avec l'Allemagne pour réduire les émissions de CO₂ via un projet de « couplage sectoriel », visant une neutralité carbone d’ici 2050 et des émissions nettes nulles d'ici 2065.
Les autorités kurdes espèrent une résolution rapide pour reprendre leurs exportations pétrolières, suspendues depuis mars 2023, suite à un amendement de Bagdad sur les coûts d'achat du pétrole extrait dans la région autonome.
Les autorités kurdes espèrent une résolution rapide pour reprendre leurs exportations pétrolières, suspendues depuis mars 2023, suite à un amendement de Bagdad sur les coûts d'achat du pétrole extrait dans la région autonome.
À la COP29, l'ONU s'engage à encadrer le marché des crédits carbone pour en renforcer la transparence et la qualité, dans un effort pour réduire les émissions mondiales de CO2.
À la COP29, l'ONU s'engage à encadrer le marché des crédits carbone pour en renforcer la transparence et la qualité, dans un effort pour réduire les émissions mondiales de CO2.
Les exportations américaines de pétrole vers l'Asie, malgré leur solidité, pourraient être impactées par la politique étrangère du prochain président américain, en fonction des relations avec la Chine, l’Iran et d’autres pays producteurs.
Les exportations américaines de pétrole vers l'Asie, malgré leur solidité, pourraient être impactées par la politique étrangère du prochain président américain, en fonction des relations avec la Chine, l’Iran et d’autres pays producteurs.

Publicite