Dans un papier paru le 18 mai, S&P Global Commodity Insights dresse un portrait contrasté du marché de l’éolien sur les flots américains. Les parcs éoliens offshore sont considérés comme une source d’énergie plus fiable, mais plus coûteuse, que leur homologue terrestre. Face au nombre de projets grandissants dans ce secteur, certaines problématiques se doivent de trouver une solution viable.
Le casse-tête de la construction de l’éolien offshore
Les États-Unis désirent augmenter leur capacité offshore de 30 GW d’ici à 2030, selon les déclarations du gouvernement Biden. D’un point de vue législatif, des États comme celui de New York devront s’acquitter d’une puissance installée d’au moins 9 GW en 2035. À plus grande échelle, des projets pareils posent des questions logistiques quant à la bonne tenue des différentes commandes.
L’un des défis majeurs pour les investisseurs réside en ce risque de construction. Il inquiète, car les ports capables de supporter les lourdes charges ne semblent pas suffisamment nombreux. De plus, les exigences de hauteur pour le dégagement des ponts associés au développement de l’éolien offshore sont aussi un frein. Ces problématiques sont mises en avant par Shane Ogren, vice-président du financement des infrastructures pour les Amériques chez Macquarie Capital.
De plus, les problèmes de chaîne d’approvisionnement et les pénuries ont entraîné des augmentations de coûts, a ajouté Ogren. D’autant plus que la densité des projets pourrait également devenir un problème selon l’évolution du parc éolien offshore national. L’arrivée de grands constructeurs sur le marché américain devient alors un enjeu majeur pour le futur de cette énergie.
Des projets en recherche de financements
Des solutions doivent être trouvées pour le financement des projets d’éolienne offshore. Pour S&P Global Commodity Insights, Shane Ogren explique ceci :
« Les projets deviennent enfin suffisamment importants pour que les gens soient intéressés à les financer.[…] Nous voyons beaucoup d’investisseurs stratégiques sur le marché, et vous avez besoin de bilans importants pour développer ces projets ».
De la même manière, le groupe de consultation Wood Mackenzie a publié un rapport mettant en avant l’évolution des investissements. Dans le domaine de l’éolien offshore, ces derniers pourraient dépasser le billion d’USD d’ici à la prochaine décennie. Certains défis pour des solutions de secours aux périodes de méforme de l’éolien, par exemple, seraient stratégiques selon eux.
Selon Fred Zalcman, directeur exécutif de la New York Offshore Wind Alliance, d’autres horizons pourraient voir le jour dans la région. La récente vente aux enchères de baux fédéraux dans la région de New York Bight pourrait entraîner une augmentation de capacité de 7 à 11 GW. Selon lui, des « développeurs sophistiqués et bien capitalisés » sont attendus pour construire « une nouvelle industrie basée aux États-Unis ».
La transmission de l’énergie offshore reste le principal défi
Pour la construction d’un parc éolien offshore, la qualité de transmission de l’énergie produite reste l’une des inquiétudes majeures. Fred Zalcman confirme cette tendance en prenant comme exemple sa région et sa disposition à accueillir l’électricité. Le décalage horaire, et donc des heures de pointe énergétiques, pourrait même pénaliser cette énergie.
En effet, les premiers projets sont tous construits avec leurs propres câbles en direction du rivage. Néanmoins, lorsque New York se rapproche de 9 GW le système électrique, une barrière semble se présenter. La New York Offshore Wind Alliance explique que le système n’a pas été conçu pour accepter ce type d’installation offshore au large de ses côtes.
Pour la gestion et la stabilité du réseau électrique, la nécessité d’un stockage efficace de l’énergie semble se présenter. Il devra être intégré aux projets éoliens offshore au fil du temps, selon S&P Global Commodity Insights. Fred Zalcman évoque également cette perspective, cependant, il y ajoute quelques nuances et une contrainte :
« C’est bien d’encourager la colocalisation du stockage sur les sites d’éoliennes offshore, mais cela a un coût plus élevé, vous devez donc peser cela avec les coûts de construction. »
Une solution nationale pour l’éolien offshore ?
Pour les experts consultés par S&P Global Commodity Insights, la solution à l’éolien offshore viendrait avant tout du local. Une meilleure stratégie est à prévoir et doit être mise en place pour que le secteur se déploie pleinement aux États-Unis. Les entreprises peuvent faire venir des navires de construction européens, mais en plus de coûter cher, ils ne pourront pas tout prendre en charge.
Beth Treseder, responsable du développement régional pour les énergies renouvelables américaines chez Equinor, a commenté l’industrie locale. La réalisation de projets éoliens offshore dans les délais et dans les limites du budget était les défis qui le préoccupaient le plus. Cependant, elle reste confiante et déclare que cette industrie n’en est pour l’instant qu’à ses débuts :
« Ce sont des projets pour la première fois, donc du côté des développeurs, nous devons gérer les attentes et minimiser les risques autant que possible ».
Également optimiste, Shane Ogren a confié qu’il voyait d’un bon œil la dynamique actuelle de l’éolien offshore américain. Interrogé sur la direction prise en ce qui concerne les coûts, il s’attend à continuer à voir des baisses de coûts. Une hypothèse qui améliorera l’économie de ce type d’énergies renouvelables au fil du temps.