Le gouvernement norvégien va ouvrir deux nouvelles zones au large des côtes du sud-ouest du pays qui pourraient supporter une production de 4,5 GW. Il y a Utsira Noord à l’ouest de Haugesund, et Sorlige Nordsjo 2, au sud. Ces projets devraient être opérationnels à partir du 1er janvier 2021.
Le pari de l’éolien offshore
Le premier site à être mise en place sera principalement destiné à accueillir des technologies éoliennes flottantes. Ce site s’étendra sur 1 010 kilomètres carrés, et servira principalement à des projets de démonstration et de plus grande envergure.
Sorlidge Nordsjo 2, le second site, borde les côtes danoises de la mer du Nord, et va accueillir des structures éoliennes fixes et flottantes. Ce site de 2591 kilomètres carrés sera plus pertinent à l’exportation d’électricité.
En réalité, un troisième site devrait voir le jour, Sandskallen-Sorova Nord au large de Hammerfest, cependant ce n’est pas encore abouti car il fait face à des résistances de la part du monde de la pêche. Tina Bru, ministre du pétrole et de l’énergie en Norvège, a expliqué qu’elle a :
“pris note de la forte résistance à l’ouverture de la zone Sandskallen-Soroya Nord, notamment de la part des associations de pêche. La pêche est une industrie importante qui utilise activement notre espace maritime, et j’ai beaucoup insisté sur leurs points de vue » (renews.biz)
L’éolien offshore, un investissement profitable à l’économie norvégienne
La ministre norvégienne a ajouté que l’éolien offshore offre de belles opportunités aux entreprises norvégiennes.
« Dans l’avenir immédiat, le marché se situera dans d’autres pays, mais si les coûts de l’énergie éolienne offshore continuent à baisser, elle pourrait également devenir compétitive en Norvège »
« Il est maintenant temps de préparer le développement futur en allouant de l’espace pour les énergies renouvelables offshore ». (renews.biz)
La Norvège sur le marché de l’énergie
Un développement important de l’éolien en mer
Depuis 2010, une dizaine de projets de parcs éoliens offshore et farshore ont vu le jour totalisants une capacité de plus de 20 TWh d’énergie. Ces projets se sont concentrés le long des côtes norvégiennes à Sogn, Fjordane, Rogaland, Nordland…
Un pays champion des énergies propres ?
On attribue souvent aux pays scandinaves le rôle des pays “verts”, on les considère comme des exemples en termes d’environnement. Un article de Slate nous apprend même que l’électricité norvégienne est presque entièrement produite par de l’énergie hydraulique, qui couvrirait près de 95% des besoins en énergie du pays.
Les norvégiens bénéficient d’un environnement très vert constitué de parcs, pistes cyclables et où la densité du trafic est très faible.
Le pays se hisserait donc parmi les pays les plus “verts” du globe (14ème en 2018).
Un pays sur le devant de la scène pétrolière
Ce même article nous apprend que si l’on change les critères de ce classement, le pays serait beaucoup moins “vert”. En effet, la Norvège est l’un des pays qui extrait le plus de pétrole par habitant.
Les opérations de forage en mer du Nord sont la source principale d’extraction de pétrole pour l’instant, mais cette dernière se déplace de plus en plus vers les exploitations pétrolières et gazières de la mer de Barents, ouvertes en 2017.
Le choix de la mer de Barents est assez risqué d’un point de vue écologique. Une partie des installations d’extraction se trouvent à la limite de la calotte polaire. Cette région abrite d’importantes colonies d’oiseau et d’ours polaires, et un développement d’infrastructures pétrolières pourrait modifier drastiquement l’écosystème local.
“Si forage il y a, il sera vite suivi par la construction de nouvelle plateformes, mais aussi par le déploiement d’une vaste architecture permettant de transporter gaz et pétrole jusqu’au rivage (et au-delà).” (via Slate).
Plateforme gazière de Sleipner – Crédits : Daniel Sannum Lauter/AFP
Pourquoi produire autant ?
Le pétrole produit par la Norvège est majoritairement exporté. Le pays est l’un des premiers importateurs mondiaux de ce carburant.
Pour Slate, “Son Government Pension Fund-Global (surnommé «fonds pétrolier» parce qu’il a été conçu pour réinvestir les profits des géants publics du pétrole norvégien) demeure le plus grand fonds souverain au monde. Il investit certes dans l’immobilier et les énergies renouvelables, mais consacre également une part non négligeable (6,2%) de ses investissements au secteur international du pétrole et du gaz”.
Ainsi, il est vrai qu’à première vue, la Norvège est un pays vert, et ses efforts se tournent dans ce sens. La mise en place de ces infrastructures offshore va venir améliorer le bilan Norvégien (95% des besoins énergétiques du pays couverts par l’énergie hydraulique). Pourtant, la production de pétrole vient entacher l’image plutôt “naturophile” du pays. Même si cela ne vient pas polluer directement le pays, la revente et l’utilisation de cette énergie fossile par d’autres nations aura tout de même un impact sur les émissions mondiales de dioxyde de carbone.