L’industrie de l’éolien offshore aux États-Unis est à un tournant crucial. Après plusieurs années de croissance sous l’administration Biden, le secteur fait face à une potentielle reconfiguration en fonction du résultat de l’élection présidentielle de 2024. D’un côté, une victoire de Donald Trump pourrait réorienter les priorités énergétiques du pays vers les ressources conventionnelles, telles que le pétrole et le gaz offshore. De l’autre, une victoire de Kamala Harris signifierait la poursuite des ambitions actuelles, notamment l’objectif de 30 GW de capacité installée d’ici 2030.
Changement de Cap Potentiel sous Trump
Si Donald Trump est élu, les observateurs anticipent un ralentissement significatif des nouvelles autorisations pour les projets éoliens offshore. Le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM), sous la direction d’une administration républicaine, pourrait se concentrer sur l’exploitation des ressources fossiles en mer, comme le pétrole et le gaz, plutôt que sur le développement de projets éoliens. Les analystes s’accordent à dire que Trump n’annulerait probablement pas les projets éoliens déjà approuvés, mais chercherait plutôt à compliquer leur avancement par des actions en justice.
Les groupes de pêcheurs commerciaux et d’autres parties intéressées qui contestent ces projets pourraient trouver un allié dans une administration Trump. Le Department of Justice (DOJ) pourrait soutenir les plaintes visant à retarder les approbations environnementales, arguant que les évaluations des impacts sur les industries de la pêche et la faune n’ont pas été suffisantes. Ces tactiques viseraient à ralentir le processus de délivrance de permis, entraînant des retards importants pour les projets en cours et futurs.
Stratégies de Contre-attaque de l’Industrie
Malgré ces incertitudes, certains acteurs du marché pensent que l’élan acquis sous l’administration Biden pourrait compenser une opposition fédérale. Plusieurs États, tels que New York et la Californie, ont déjà mis en place des cadres réglementaires et des objectifs ambitieux qui soutiennent le développement de l’éolien offshore. Ces États pourraient continuer à pousser l’industrie, même en cas de restrictions au niveau fédéral. New York, par exemple, vise 9 GW d’éolien offshore d’ici 2035 dans le cadre de sa loi Climate Leadership and Community Protection Act.
L’industrie dispose également d’un soutien croissant au niveau des infrastructures et des investissements, qui a pris de l’ampleur sous l’administration actuelle. Cependant, la viabilité de ces projets à long terme dépendra fortement de la stabilité des politiques et du soutien gouvernemental.
Risques Juridiques et Procédures Administratives
Un retour de Trump à la Maison-Blanche pourrait se traduire par un recours accru aux litiges pour ralentir le secteur. Des organisations telles que le New England Fishermen’s Stewardship Association (NEFSA) ont déjà exprimé leurs préoccupations concernant les impacts des projets éoliens offshore sur l’environnement marin et la pêche. En soutenant ces groupes devant les tribunaux, le DOJ sous Trump pourrait chercher à annuler certaines approbations ou à les renvoyer à des agences comme le BOEM pour une révision plus approfondie. Cette stratégie augmenterait la pression juridique sur les développeurs, retardant potentiellement la construction de nouveaux parcs.
Les recours administratifs pourraient également servir d’obstacles supplémentaires. Le Bureau of Safety and Environmental Enforcement (BSEE) pourrait imposer des restrictions plus strictes sur les nouvelles installations ou prolonger les études d’impact environnemental, augmentant ainsi les coûts de conformité pour les développeurs.
Perspectives de Continuité sous Kamala Harris
En revanche, une administration dirigée par Kamala Harris poursuivrait probablement l’approche pro-active de l’administration Biden en matière d’énergies renouvelables. Le BOEM et d’autres agences fédérales continueraient d’accélérer les processus d’autorisation et de soutenir les projets grâce à des crédits d’impôt et des subventions. L’accent resterait mis sur l’expansion rapide de la capacité éolienne offshore, soutenue par des politiques favorables et une collaboration étroite avec les gouvernements des États.
Les projets tels que le Maryland Offshore Wind Project, récemment approuvé avec plus de 2 GW de capacité, illustrent le type de développement que l’on peut attendre sous une administration Harris. Cette continuité permettrait d’assurer une certaine prévisibilité pour les investisseurs et les développeurs, tout en maintenant l’élan acquis ces dernières années.
Un Marché Sous Haute Tension
L’incertitude entourant l’élection de 2024 a déjà un impact sur les stratégies des entreprises de l’éolien offshore. Les développeurs et les investisseurs envisagent divers scénarios pour se préparer à des changements potentiels dans les politiques fédérales. Certaines entreprises pourraient accélérer leurs projets avant l’élection pour sécuriser leurs permis et éviter de se retrouver dans l’impasse d’une révision administrative sous une nouvelle administration Trump.
En conclusion, l’élection présidentielle américaine de 2024 pourrait marquer un tournant décisif pour l’avenir de l’éolien offshore aux États-Unis. Les entreprises doivent se préparer à des défis politiques et juridiques importants tout en capitalisant sur le soutien existant au niveau des États et des infrastructures.