La compagnie pétrolière et gazière italienne Eni s’est associée à la filiale NextChem du groupe Maire Tecnimont afin de mettre en place une nouvelle usine de gaz de synthèse à la raffinerie de Tarente.
Actuellement, les deux sociétés collaborent déjà dans la mise en place d’une infrastructure de transformation de déchets en hydrogène à la raffinerie Eni Bio de Venise. En parallèle, elles travaillent sur un projet d’usine de transformation de déchets en méthanol dans la région de Livourne.
La stratégie d’Eni
Cet accord signé entre les deux firmes s’inscrit dans la stratégie à long terme d’Eni. Elle vise à faire d’Eni un des leaders mondiaux dans la production et la commercialisation de produits carbonisés.
Pour se faire, Eni compte mettre en oeuvre un plan stratégique qui devrait lui permettre de réduire ses émissions nettes absolues de gaz à effet de serre. Cette ambition devrait être atteinte d’ici 2050.
Les différentes productions d’Eni
Eni compte augmenter sa production d’énergie verte grâce au développement de ses énergies renouvelables. En parallèle, elle produire du gaz et des matières premières biologiques, tout en éliminant leurs émissions de dioxyde de carbone. Elle produira aussi des biocarburants dans ses raffineries biologiques, du méthanol et de l’hydrogène à partir de déchets. Enfin, la firme va développer des produits chimiques à partir de sources renouvelables.
En s’appuyant sur une économie circulaire, la mise en place de ces projets devraient avoir un impact positif sur l’environnement.
Eni-NextChem, les ficelles du partenariat
NextChem travaille sur les problématiques liées à l’application industrielle, alors que l’équipe Eni-NextChem évalue la faisabilité technique et économique des projets d’usine.
Les solutions apportées par la collaboration
Eni et NextChem étudient s’il est possible pour une entreprise de raffinage de produire un gaz de synthèse à partir de plasmix et de déchets secs par un processus de recylcage chimique.
“Le plasmix est un matériau issu du tri sélectif, des traitements et des mélanges industriels des divers types de plastique dérivés du recyclage de ces matériaux qui ne faisaient pas auparavant l’objet de tri“ (via Tout Vert)
Eni a déclaré dans un communiqué que,
« Le gaz produit sera ensuite raffiné et séparé par deux canaux distincts : l’hydrogène, qui peut être utilisé par la raffinerie d’Eni pour aider le processus d’hydrodésulfuration du combustible ; le gaz à forte teneur en monoxyde de carbone qui peut être utilisé par l’aciérie à la fois dans les processus de haut fourneau et les nouvelles technologies de réduction directe du fer”.
Les syngas, qu’est-ce que c’est ?
Les gaz de synthèse, ou syngas sont un mélange de monoxyde de carbone, de dioxyde de carbone et d’hydrogène. Ce gaz est produit par gazéification d’un combustible contenant du carbone.
Ce nom de “gaz de synthèse” est dérivé de son utilisation. En effet, il est un intermédiaire dans la production de gaz naturel synthétique, d’ammoniac et de méthanol tout comme dans la production de pétrole, de lubrifiant ou de carburant. En d’autres termes, c’est un gaz utile pour en synthétiser d’autres.
Les propriétés du gaz synthétique
Le syngas possède environ 50% de la densité énergétique du gaz naturel. Il ne peut pas être brûlé, mais peut être utilisé comme source de combustible
Les gaz synthétiques peuvent être utilisés dans de nombreux domaines comme l’éclairage au gaz ou la production d’éponge de fer. Il sert aussi dans la fabrication de diesel, de méthanol et d’hydrogène.
Ces syngas peuvent prendre 3 formes différentes :
- Hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau
- Méthane synthétique que l’on retrouve déjà dans certains transports en communs
- Combustible liquide.
Les atouts du syngas
Son premier avantage, et pas des moindres, c’est son stockage et par conséquent, le stockage de l’énergie qu’il produit car cette production ne dépend pas du vent, ou de l’intensité lumineuse… elle ne fluctue pas.
Aussi ces gaz peuvent se déployer assez rapidement dans tous les secteurs, que cela soit de la vie quotidienne ou de l’industrie : chauffage, transport, électricité…
Les syngas peuvent se déplacer dans les réseaux de distribution classique, ce qui en général rassure la clientèle.
Un marché qui est encore à créer
Dans un futur proche, les pays au taux d’ensoleillement le plus fort se démarqueront sur le marché des gaz synthétiques car leurs coûts de production seront plus faibles, et les frais de transports négligeables. Pourquoi eux ? Car le développement du syngas implique une multiplication des infrastructures productrices d’énergies renouvelables comme les panneaux photovoltaïques.
En d’autres termes, le marché ne reposerait plus sur les exportateurs de pétroles, et devrait redistribuer les cartes du marché énergétique mondial.
Cependant, ce marché n’existe pas encore car la demande reste très faible. La jeunesse de cette technologie rend les investisseurs un peu frileux.