Le géant italien des hydrocarbures Eni a multiplié son bénéfice net par 15 au deuxième trimestre, à 3,81 milliards d’euros, dopé par la flambée des cours du gaz et du pétrole attisée par la guerre en Ukraine. Ce résultat, publié vendredi, est supérieur au consensus des analystes de Factset, qui tablaient sur un bénéfice de 3,31 milliards d’euros.
Son chiffre d’affaires a bondi de 94% à 31,55 milliards d’euros, un résultat là aussi nettement supérieur aux attentes des analystes. Le bénéfice opérationnel ajusté (Ebit) a plus que doublé à 5,84 milliards d’euros, grâce à “l’environnement favorable des prix des matières premières et aux fortes marges de raffinage”, commente le groupe dans un communiqué.
Eni a profité comme l’ensemble du secteur de l’envolée des cours des hydrocarbures, liée à la reprise de l’économie mondiale après la levée des restrictions sanitaires liées à la pandémie de coronavirus et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Seule ombre au tableau, la production d’hydrocarbures d’Eni a reculé de 1% à 1,57 million de barils par jour (mbj) au deuxième trimestre.
Ses concurrents aussi ont affiché des profits insolents: le français TotalEnergies a ainsi aligné un résultat net de 5,7 milliards de dollars au deuxième trimestre, le britannique Shell a engrangé 18 milliards de dollars et le norvégien Equinor a frôlé les 6,8 milliards de dollars.
Brent en hausse de 65%
Quant aux perspectives pour 2022, le groupe a confirmé son objectif de bénéfice opérationnel ajusté d’”au moins” 1,2 milliard d’euros, qu’il avait relevé en avril.
Eni a revu à la hausse sa prévision de flux de trésorerie, qui devrait atteindre 20 milliards d’euros sur l’année, contre 16 milliards visés auparavant. Le groupe table désormais pour cette année sur un baril de Brent de la mer du Nord à 105 dollars en moyenne, contre 101 dollars auparavant. Au deuxième trimestre, son prix avait atteint 113,78 dollars, en hausse de 65%.
La production d’hydrocarbures d’Eni est attendue à 1,67 million de barils par jour sur l’année.
Le groupe a commencé à équilibrer son portefeuille avec le développement accru d’activités d’énergies renouvelables. Eni s’est engagé ainsi à réduire de 80% les émissions nettes de gaz à effet de serre de ses produits énergétiques d’ici 2050.
En raison de la “volatilité et l’incertitude” régnant sur les marchés financiers, Eni avait décidé en juin de reporter l’introduction en Bourse de sa division énergies renouvelables et ventes au détail, baptisée Plenitude. Ce projet “a été reporté mais reste dans nos plans”, a confirmé vendredi le PDG d’Eni, Claudio Descalzi.
Plenitude est née de la fusion en avril 2021 entre la branche ventes de gaz et électricité au détail et la division énergies renouvelables d’Eni.
Dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Eni avait annoncé début mars céder sa part de 50% dans le gazoduc Blue Stream, qu’il contrôle à égalité avec le géant russe Gazprom.