Le géant italien des hydrocarbures Eni a vu son bénéfice net chuter de 33% au premier trimestre, à 2,39 milliards d’euros, dans le sillage de la baisse des cours du pétrole et du gaz.
Ce résultat, publié vendredi, est inférieur au consensus des analystes du fournisseur d’informations financières Factset, qui tablaient sur un bénéfice de 2,54 milliards d’euros. Le bénéfice net ajusté – un indicateur scruté de près par les marchés car il exclut des éléments exceptionnels – a lui aussi accusé le coup, s’établissant à 2,9 milliards d’euros, soit une baisse de 11%.
Ce résultat a reculé « sous l’effet de la baisse des prix du pétrole et du gaz et de la taxe britannique sur les bénéfices dans le secteur de l’énergie », explique le groupe dans un communiqué. « Eni a obtenu d’excellents résultats opérationnels et financiers en dépit d’un scénario défavorable », grâce notamment à la « reprise de la production d’hydrocarbures », a commenté son patron, Claudio Descalzi, cité dans le communiqué.
Le bénéfice opérationnel (Ebit) ajusté a baissé de 11% à 4,64 milliards d’euros au premier trimestre. Pour l’ensemble de l’année, Eni prévoit désormais un Ebit ajusté de 12 milliards d’euros, a indiqué lors d’une conférence avec des analystes son directeur financier Francesco Gattei.
Cet objectif a ainsi été revu à la baisse par rapport aux 13 milliards d’euros prévus par le plan stratégique d’Eni en février, en raison de la chute des cours des hydrocarbures et la hausse du dollar par rapport à l’euro qui renchérit les coûts du groupe.
Recettes en berne
Eni avait affiché en 2022 un bénéfice net record de 13,8 milliards d’euros, son meilleur depuis plus de deux décennies, dopé par la flambée des cours du gaz et du pétrole dans le sillage de la guerre en Ukraine. Le groupe italien a pâti au premier trimestre comme l’ensemble du secteur de la baisse des cours des hydrocarbures ces derniers mois.
La production d’hydrocarbures d’Eni est restée pratiquement inchangée, à 1,65 million de barils par jour (mbj), au premier trimestre, après avoir baissé de 4% en 2022. Pour l’ensemble de l’année 2023, Eni prévoit une production d’hydrocarbures de 1,63 à 1,67 million de barils par jour.
Sous l’effet de la baisse des prix, le chiffre d’affaires du groupe italien a lui aussi reculé, de 15% à 27,18 milliards d’euros, alors qu’il avait plus que doublé au premier trimestre 2022. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord s’est élevé à 81,27 dollars en moyenne au premier trimestre 2023, en baisse de 20%, a précisé Eni. Le groupe a commencé à équilibrer son portefeuille avec le développement accru d’activités d’énergies renouvelables.
Dans son plan stratégique 2023-2026, Eni a confirmé son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 35% d’ici 2030 par rapport à 2018 et de 80% jusqu’à 2040, avant d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Mais Eni prévoit aussi de porter la part du gaz dans sa production à 60% d’ici 2030, contre environ 50% actuellement, pour réduire sa dépendance à l’égard de la Russie.