Le groupe français Engie cherche à diversifier ses approvisionnements gaziers hors de Russie. Il a signé un contrat d’approvisionnement de GNL sur 15 ans auprès de l’américain NextDecade, a annoncé lundi ce dernier. Suite à cette annonce, le groupe s’attire les critiques de défenseurs de l’environnement.
Engie signe un contrat avec NextDecade
Engie va acheter 1,75 million de tonnes par an de GNL provenant du futur terminal texan Rio Grande, à partir de 2026, indique NextDecade dans un communiqué. Le gaz russe représente 20% des approvisionnements d’Engie. Mais pour se diversifier, le groupe négocie actuellement des volumes additionnels avec d’autres pays, dont les Etats-Unis.
Engie avait déjà étendu en mars un contrat avec un autre groupe américain, Cheniere Energy. L’entreprise souhaitait lui acheter plus de GNL que prévu initialement et pour plus longtemps. Ainsi, Les Amis de la Terre France ont dénoncé lundi un contrat “toxique” avec NextDecade. Ils ont accusé Engie et le gouvernement français d’”incohérence”.
En 2020, un contrat négocié avec la même entreprise américaine avait en effet été abandonné après avoir été contesté par des défenseurs de l’environnement et l’Etat, qui détient près de 24% d’Engie. À l’époque, les critiques pointaient l’importation de gaz de schiste, produit par fracturation hydraulique, un mode d’extraction interdit en France.
“Les risques associés au projet sont nombreux, démontrés et reconnus: méga-projet implanté au coeur de l’écosystème riche et vulnérable d’une réserve naturelle; menace pour la survie d’espèces en voie de disparition; risques pour la santé et les moyens de subsistance des habitants; violations du droit au consentement des peuples autochtones”, estiment Les Amis de la Terre dans un communiqué lundi. “Rio Grande LNG représente par ailleurs une menace majeure pour le climat”, ajoute l’ONG.
Engie a de son côté estimé que “les tensions actuelles sur les marchés de l’énergie ont renforcé la pertinence de (sa) stratégie de diversification des sources d’approvisionnement”. “NextDecade a optimisé la performance sociale et environnementale de Rio
Grande LNG”, assure également l’entreprise, évoquant notamment un projet de captage et stockage du carbone. Contacté par l’AFP, le ministère de la Transition écologique n’a pas souhaité faire de commentaire.
La ministre française Barbara Pompili était lundi à Bruxelles pour une réunion extraordinaire des ministres en charge de l’énergie après la décision du russe Gazprom de couper le gaz à Pologne et la Bulgarie. “La décision unilatérale de la Russie ne fait que renforcer la nécessité de réduire nos importations d’énergie fossile en provenance de Russie”, a estimé la ministre, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE. Il faut “trouver plus de fournisseurs alternatifs”, a-t-elle notamment plaidé.