Le groupe énergétique français Engie a officialisé la prolongation de dix ans des réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3, en partenariat avec l’État belge. Cette étape intervient après l’approbation de la Commission Européenne en février dernier, concrétisant ainsi un accord préliminaire signé deux ans plus tôt entre l’entreprise et les autorités belges. L’accord inclut un transfert de responsabilité des déchets nucléaires et du combustible usé, un enjeu financier majeur pour les deux parties. Une première tranche du paiement associé a déjà été versée à Engie, tandis qu’une seconde suivra lors du redémarrage effectif des réacteurs, prévu pour novembre prochain.
Partage des risques et montage financier
Les réacteurs Doel 4 et Tihange 3 seront désormais exploités par une co-entreprise détenue à parts égales par Engie et l’État belge. Cette structure repose sur un mécanisme de contrat pour différence, destiné à répartir équitablement les risques financiers liés à la prolongation des centrales nucléaires. La décision du gouvernement belge de prolonger ces réacteurs découle directement des tensions sur les marchés énergétiques européens, amplifiées par le conflit russo-ukrainien débuté en 2022. Ce revirement stratégique contraste fortement avec la législation adoptée en 2003, qui prévoyait initialement la sortie complète du nucléaire belge d’ici fin 2025.
Les centrales de Doel, près d’Anvers, et Tihange, près de Liège, sont historiquement au cœur du parc nucléaire belge, exploité par Engie depuis plusieurs décennies. Avec cette prolongation, Engie voit également disparaître une charge financière significative qui pesait sur ses comptes, liée aux provisions effectuées pour anticiper l’arrêt initialement programmé. Le bénéfice net du groupe français s’en trouve mécaniquement augmenté, marquant une rupture nette avec les résultats précédents, plombés par les coûts liés à la sortie du nucléaire.
Conséquences économiques immédiates
Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, avait récemment évoqué ce dossier comme une opportunité permettant de « dérisquer » les opérations nucléaires du groupe en Belgique. Lors des résultats annuels publiés fin février, elle avait souligné l’impact positif direct de cette prolongation sur la performance financière de l’entreprise. L’accord, désormais entériné, permet au groupe d’alléger ses contraintes financières historiques tout en stabilisant les perspectives énergétiques belges pour la prochaine décennie.
La prolongation des réacteurs Doel 4 et Tihange 3 représente également une étape décisive pour le maintien de la sécurité énergétique belge dans un contexte régional complexe. L’État belge entend ainsi sécuriser sa capacité énergétique nationale, tout en maîtrisant son exposition aux marchés internationaux de l’énergie, particulièrement volatils depuis le début des années 2020. Le modèle de partenariat retenu pourrait par ailleurs servir de référence à d’autres pays européens confrontés à des choix similaires en matière de politique énergétique.