Le bouclier tarifaire allemand sur les prix de l’énergie, annoncé par le chancelier Olaf Scholz pour atténuer l’impact de l’envolée des prix, pourrait entrer en vigueur début 2023, selon les propositions du groupe d’experts du gouvernement formulées lundi.
Ce bouclier tarifaire est la pièce centrale du « bazooka » énergétique de 200 milliards d’euros annoncé fin septembre et valant à Berlin de nombreuses critiques de ses partenaires européens qui dénoncent un manque de concertation et de solidarité.
La première version du dispositif présenté lundi par les experts prévoit de subventionner 80% de la consommation des ménages de mars 2023 jusqu’à avril 2024.
Au-delà de ce volume, les particuliers paieraient le gaz au prix du marché.
Pour les grosses entreprises, le quota subventionné, au prix plafonné de 7 centimes d’euros par kilowattheure, serait limité à 70% de la consommation moyenne normale avec une entrée en vigueur dès le 1er janvier.
Cette proposition faisait décoller les cours des valeurs énergivores à la Bourse de Francfort, comme les chimistes BASF et Covestro.
Ce nouveau paquet d’aides n’est pas « contre l’Europe mais en Europe, pour l’Allemagne et les Allemands », a observé devant la presse Michael Vassiliadis, chef du syndicat de la chimie IGBCE et membre de la commission.
D’ici l’entrée en vigueur du bouclier, évalué à plusieurs mois en raison de sa complexité, les experts proposent que le gouvernement verse en décembre une nouvelle aide directe aux ménages et petites entreprises pour payer les factures de gaz et de chauffage, d’un total évalué à 5 milliards d’euros.
L’Allemagne, première économie d’Europe, est frappée de plein fouet par la crise énergétique qui affecte le continent alors que la Russie a réduit drastiquement les livraisons de gaz russe dont le pays était particulièrement dépendant.
« L’existence de milliers d’entreprises est menacée » en Allemagne, a fait valoir le président du lobby industriel BDI lors de la présentation. « Il ne s’agit pas seulement du sort des entreprises individuelles et de leurs emplois, mais de la puissance et des succès à l’exportation de l’industrie allemande », a affirmé Siegfried Russwurm.
Il a souligné que les prix du gaz ne redescendraient certainement pas à leur niveau d’avant l’invasion de l’Ukraine et que l’industrie devait s’habituer à cette « nouvelle normalité ».
Les experts ont averti que le futur plafonnement des prix du gaz ne devait pas inciter les consommateurs à renoncer aux économies indispensables pour éviter les pénuries.
« Nous devons économiser environ 20% de la consommation habituelle pour éviter une situation tendue d’approvisionnement », a rappelé l’économiste Veronika Grimm, jugeant que le mécanisme proposé encouragerait les Allemands à réduire leur consommation au niveau de la quantité subventionnée.
Le gouvernement va maintenant examiner les recommandations et devrait trancher dans les semaines à venir.