L’Énergie hydroélectrique pourrait devenir le fer de lance de la République Démocratique du Congo dans les années à venir. Alors que son économie énergétique repose historiquement sur les minerais, le gaz et le pétrole, la RDC amorce sa transition énergétique.
L’énergie hydroélectrique pour compléter la production d’hydrocarbure ?
Le pays possède des ressources importantes en hydrocarbure. Selon Africanews la RDC serait même le deuxième plus grand détenteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne. Cependant, l’exploration et la production de cette ressource sont restées minimes depuis la fin du XXème siècle. Le pays a refusé un certain nombre de contrats d’exploitations, notamment avec la société sud-africaine DIG Oil Ltd.
Actuellement, le nouveau président,a décidé d’orienter sa politique pour entrer dans le cercle des plus grands producteurs d’hydrocarbures et placer son pays à la troisième place en Afrique. Une volonté qui pourrait engendrer des conflits énergétiques avec le Nigéria et l’Angola ; les premiers pays africains en terme d’exploitation pétrolière.
Le gouvernement a donc basé ses orientations politiques sur le développement conjoint des hydrocarbures et de l’hydroélectricité.
Un projet de barrage hydroélectrique de 44 000 MW
«Avec une capacité estimée à 44 000 mégawatts, le projet Grand Inga sera en mesure de répondre à une part importante – jusqu’à 40% – de la demande d’électricité de l’Afrique à un prix compétitif et de manière durable.»
Ce barrage, qui sera construit en 6 étapes, est le plus grand projet hydroélectrique du monde. Il sera situé dans l’ouest du pays sur le fleuve Congo. Ce projet permettrait de répondre à 40% des besoins en électricité du continent selon Félix Antoine Tshisekedi, président de la République Démocratique du Congo. Cette capacité représente le double du barrage des trois Gorges en Chine.
Ce projet complète les sites de Inga I qui représente 351 MW et Inga II de 1 424 MW, mis en service respectivement en 1972 et 1982.
Un nouvel exportateur d’énergie pour le continent Africain
Actuellement, la demande d’électricité de la République Démocratique du Congo n’est que de 4 200 MW. Avec ce nouveau projet, le pays cherche donc à devenir le principal exportateur d’énergie durable de la région. Pour les promoteurs du barrage, l’Afrique pourrait voir dans cette construction une résolution des pénuries d’électricité et une porte ouverte vers le développement des énergies renouvelables.
Le pays est aussi en passe de devenir l’un des plus grands exportateurs de lithium, avec la découverte du site de Manono géré par AVZ Minerals. Cependant une concurrence grandissante risque de s’installer avec le Mali pour répondre à cette demande mondiale croissante. Le pays a, en effet, découvert deux nouveaux sites Goulamina et Bougouni. Les deux pays vont donc bientôt se disputer la place de premier exportateur d’énergies et de métaux d’Afrique.
Un potentiel hydroélectrique de 110 000 MW pour la RDC
La République démocratique du Congo possède les plus grandes capacités en terme d’énergie hydroélectrique du continent. L’état a donc décidé de développer cette ressource pour stimuler le développement économique du pays et respecter ses objectifs environnementaux. Le gouvernement a d’ailleurs créé une agence dédiée au développement et à la promotion du projet de barrage (ADPI) pour mettre à bien son projet.
Fédérer le continent africain autour d’un projet durable
Le 12 juin 2020, lors d’un conseil des ministres, le président de la RDC a annoncé la réunion des chefs d’États Africains pour faire de ce projet une préoccupation continentale. Ce dernier a émis l’idée que le développement d’énergie renouvelable ne pouvait se faire qu’avec une coopération régionale.
Deux forums Africains de discussion
Organisée en deux temps, la conférence a commencé le 22 juin 2020 par un forum virtuel multinational et multisectoriel. Étaient réunis autour de la table ; l’Union africaine DA-Nepad, le haut représentant de l’Union africaine, Raila Odinga, la RD Congo, l’Afrique du Sud, la Zambie, l’Angola, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie, le Ghana. Les agences des Nations Unies, le secteur privé africain et les organisations de l’Afrique continentale ont aussi été invités.
Le but de cette réunion, selon le président de la RDC, était de présenter les opportunités du projet et le potentiel de l’énergie hydroélectrique. Les questions de la faisabilité du projet et de son financement ont aussi été abordées. L’État espère, grâce à son plaidoyer, obtenir un consensus autour du projet.
« Cette conférence, qui se déroulera en deux temps durant ce mois de juin et en septembre-octobre 2020, entre autres objectifs est de présenter les opportunités actuelles et futures du Grand Inga et de promouvoir tout le potentiel hydroélectrique de la République démocratique de Congo afin d’encourager les appels à manifestation d’intérêt pour l’achat de l’énergie à produire »,
Une seconde réunion aura lieu en septembre ou en octobre 2020. La pandémie du coronavirus a cependant entrainer un certain retard du projet.
Un projet estimé à 80 milliards de dollars
Le prix comprend la construction du site mais aussi des lignes de transports nécessaire pour évacuer l’électricité vers le reste du continent. Ce chiffre reste cependant une approximation, et induit la recherche d’accords d’achat d’électricité pour garantir la confiance des investisseurs. Or de nombreuses propositions ont déjà été discutées.
De plus, le gouvernement de la RDC a fortement avancé dans sa préparation technique, environnementale, commerciale et dans le processus de sélection des promoteurs. Cela est dû à l’assistance de l’ADPI, du ministère en charge des ressources en eau de la RDC et de la banque africaine de développement.