L’énergie éolienne pourrait être utilisée dans les transports maritimes. Deux siècles après la première traversée par les premiers bateaux à vapeur alimentés au charbon, une entreprise suédoise conçoit un énorme voilier-cargo.
L’énergie éolienne a le vent en poupe
Jusqu’à présent, les voiles étaient un complément pour réduire la consommation de carburant, et non la principale source de propulsion. Mais les nouvelles technologies ont changé la donne. Les voiles-ailes, des matériaux plus résistants et plus légers permettent un passage au vent plus complet.
Objectif : réduire les émissions de CO2
Le transport maritime représentait 2,9% des gaz à effet de serre en 2018. La part du transport maritime dans les émissions n’a fait qu’augmenter ces dernières années, selon l’Organisation maritime internationale de l’ONU. Une solution pourrait être de revenir à l’époque préindustrielle et de hisser à nouveau les voiles pour transporter des marchandises.
530 ans après le « Santa Maria » de Christophe Colomb, l’« Oceanbird »
Le suédois Wallenius Marine AB, qui conçoit et construit des navires, teste actuellement un nouveau type de porte-automobile. Ce bateau, l’« Oceanbird » est un voilier de nouvelle génération. Mesurant 200 mètres de long, il pourra transporter 7000 voitures. Ce sera le voilier le plus haut jamais construit.
Ce ne sera pas un voilier classique
Ses voiles ne s’apparenteront guère aux voiles en tissu traditionnelle, mais davantage aux ailes d’avion s’élevant verticalement depuis le pont. Les voiles sont rétractables pour mieux s’adapter aux conditions en temps réel. Le navire aura des moteurs de secours. Selon des estimations, il réduira de 90% les émissions de carbone par rapport à un navire conventionnel fonctionnant au carburant.
Le navire à voile pourrait être en service en 2024 sur les routes de l’Atlantique. Cependant, il faudra environ 12 jours à Oceanbird pour traverser l’Atlantique, contre huit pour un navire à carburant. Les concepteurs imaginent déjà une déclinaison en navire de croisière et même pétrolier.
Oceanbird coûterait probablement un peu plus cher qu’un transporteur de voitures conventionnel mais les coûts d’exploitation seraient inférieurs. D’autant plus, si les gouvernements essayant de réduire les émissions liées au changement climatique, imposaient de nouvelles directives tarifaires sur les émissions carbones.
Oceanbird n’est pas le seul à voguer sur le transport maritime vert
Neoline en France, recherche des commandes pour un navire plus petit de 136 mètres. Il sera également adapté au transport de voitures ou de machines agricoles. Comme Oceanbird, il estime que son transporteur pourrait réduire ses émissions de 90%. Renault est un des partenaires majeur du projet.
Des difficultés à dépasser
Les acteurs du secteur encore peu emballés
Les professionnels du secteur ont peu ou pas investi dans ce type de pavillon. Pourtant, ils devraient s’en préoccuper rapidement. L’Organisation maritime internationale souhaite réduire de moitié les émissions liées du transport maritime d’ici 2050, par rapport aux niveaux de 2018. Cela signifie que tout navire commandé aujourd’hui, avec une durée de vie de 30 ans, devra être beaucoup moins polluant. L’éolien serait avantageux pour eux dans la mesure que plus de la moitié des coûts de transport d’un navire proviennent du carburant. Les gouvernements ont ici un rôle à jouer.
Inconvénients techniques
Les bateaux à propulsion éolienne sont plus lents et dépendent beaucoup plus des aléas climatiques que les cargos traditionnels. Ceci pose problème pour les ports qui fonctionnent selon des délais stricts. Une journée supplémentaire en mer peut occasionner une ligne de budget conséquente. Pour pallier cette problématique, Oceanbird et Neoliner prévoient d’utiliser des moteurs alimentés par des combustibles fossiles ou des biocarburants. Cependant, ces moteurs sont plus petits que sur un navire conventionnel.
Prédire les changements de vent au sommet des voiles
Pour l’Oceanbird, les voiles s’élèveront d’un pont à 35 mètres au-dessus de l’eau, atteignant 105 mètres de haut. Le projet semble avoir trouvé la solution à ce problème grâce aux matériaux utilisés. Ses voiles seront en aluminium, en acier et en matériaux composites pour mieux s’adapter au vent.
Enfin, il faudra une formation spécifique pour les marins. Ils doivent apprendre à gérer les vents plus près de la ligne de flottaison. C’est là où les vagues provoquent des turbulences dans l’air.
Le retour des voiles sur nos mers est pour bientôt. Il s’agit d’un impératif écologique. Espérons que ces projets ne tombent pas à l’eau et ouvrent les voies maritimes s’ouvrent à de nouvelles innovations.