ENEOS, le plus grand raffineur du Japon, ne prévoit pas de signer de nouveaux contrats d’importation de pétrole brut russe. En effet, cette décision fait suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a déclaré Tsutomu Sugimori, président d’ENEOS Holdings, le 22 mars.
ENEOS recevra certains navires transportant des cargaisons de pétrole brut russe jusqu’en avril. Ceci conformément aux contrats d’achat signés avant l’invasion en février. Sugimori affirme que :
« Pour ces [cargaisons], nous avons sécurisé les navires et nous serons en mesure d’effectuer nos paiements. »
ENEOS se tourne vers le Moyen-Orient
La Russie fournit 4 % des importations de pétrole brut du Japon, soit 2,48 millions b/j en 2021.
ENEOS a déclaré qu’elle se procurerait probablement d’autres barils du Moyen-Orient. Aujourd’hui, 92 % des importations japonaises de pétrole brut proviennent du Moyen-Orient, selon les données du ministère des Finances.
ENEOS à l’image d’une tendance plus large
Cette décision intervient à un moment où un nombre croissant d’entreprises hésitent à importer du brut et du GNL russes. Elles craignent pour leur réputation, comme en témoignent les récentes sorties de BP , Shell ou dernièrement Total.
En outre, ENEOS doit faire face à de nouvelles réglementations dans son pays. Les raffineurs du pays sont obligés de soumettre leurs réponses au 3ème cycle de réglementation du raffinage. Ces réglementations exigent des raffineurs qu’ils augmentent les volumes traités par des procédés par « vacuum ». C’est-à-dire le passage sous vide suivi d’une réduction de la pression atmosphérique pour éliminer les impuretés du pétrole. Et ce, d’ici la fin de l’année fiscale 2021-2022 (avril-mars) par rapport aux volumes moyens traités au cours des années fiscales 2014-2015 et 2017-2017.
Sugimori a répondu qu’il sera difficile d’atteindre les objectifs fixés par cette nouvelle réglementation.
En somme, la distance prise par ENEOS vis-à-vis du marché russe s’inscrit dans une tendance plus large. En effet, les entreprises pétrolières, craignant pour leur réputation, et faisant face aux demandes du public, ont tendance à se détourner de l’énergie russe. Cette tendance s’accompagne d’un réalignement vers le Moyen-Orient pour répondre aux besoins énergétiques.