Après une période marquée par des défis économiques, Enel, l’un des principaux groupes énergétiques européens, a annoncé une performance financière solide pour les neuf premiers mois de l’année. En dépit de la baisse des prix de l’électricité sur plusieurs marchés, la société italienne a vu son bénéfice net augmenter de 38 %, atteignant 5,9 milliards d’euros, un signe de résilience face aux conditions de marché adverses.
Le chiffre d’affaires d’Enel, cependant, a connu une diminution de 17,1 %, s’établissant à 57,6 milliards d’euros. Cette baisse est en partie due à une réduction des quantités d’électricité et de gaz vendues, conséquence directe de la baisse des prix de l’énergie. La vente d’énergie issue de sources thermoélectriques a été particulièrement impactée, mais cette perte a été partiellement compensée par la performance des sources renouvelables. Enel, qui se positionne comme un acteur majeur de la transition énergétique, rapporte que les énergies renouvelables constituent désormais 69,3 % de sa production totale, devant les sources thermiques (17,6 %) et nucléaires (13,1 %).
Impact des réformes et baisses de consommation en Europe
En Italie, marché phare pour Enel, la demande en électricité a diminué, particulièrement après la suppression du marché à tarif réglementé. D’autres marchés importants, comme l’Espagne, la Roumanie et le Pérou, ont également enregistré une baisse des ventes, reflétant une tendance globale vers la réduction de consommation d’énergie ou la recherche de fournisseurs alternatifs.
Stefano De Angelis, directeur financier d’Enel, souligne que les résultats actuels témoignent de la « résilience et de l’équilibre géographique » du portefeuille d’Enel. Cet équilibre géographique permet à l’entreprise d’absorber les fluctuations de marché dans certaines régions tout en capitalisant sur les opportunités dans d’autres.
Réduction de la dette et ajustement stratégique
Enel a également travaillé à réduire son endettement. La dette nette du groupe, dont l’État italien détient 23,6 %, a baissé de 3,3 % pour atteindre 58,1 milliards d’euros fin septembre. Cette réduction est attribuable à une série de cessions d’actifs stratégiques, s’élevant à 21 milliards d’euros, engagées dans le cadre du plan 2023-2025.
Sous la direction de Flavio Cattaneo, nommé PDG en mai 2023, Enel a ajusté sa stratégie d’investissement. Le nouveau plan de développement 2024-2026 affiche une baisse des investissements dans les énergies renouvelables, avec une enveloppe de 12,1 milliards d’euros contre les 17 milliards prévus dans le plan précédent. Cette réorientation marque une volonté de se concentrer davantage sur la rentabilité, au détriment d’une croissance rapide dans le secteur des énergies vertes.
Perspectives pour le plan stratégique 2025-2027
Les investisseurs et analystes du secteur attendent désormais la présentation du plan stratégique 2025-2027, prévue pour le 18 novembre. Flavio Cattaneo, fort de son expérience dans le redressement d’entreprises, doit dévoiler sa vision pour le groupe, dans un contexte où les géants énergétiques cherchent à adapter leurs modèles économiques pour répondre aux fluctuations du marché mondial de l’énergie et aux attentes en matière de développement durable.
En confirmant ses objectifs financiers annuels, Enel anticipe un bénéfice net ajusté de 6,6 à 6,8 milliards d’euros et un excédent brut d’exploitation (Ebitda) entre 22,1 et 22,8 milliards d’euros pour la fin de l’année. Ces prévisions s’inscrivent dans une logique de continuité malgré la complexité du marché actuel, faisant d’Enel un acteur résilient face aux défis de la transition énergétique mondiale.