Le gestionnaire du réseau gazier espagnol Enagas a vu son bénéfice net reculer de 25,4% au premier trimestre, malgré la hausse des prix du gaz sur les marchés internationaux, dopés par l’invasion russe de l’Ukraine.
Des bénéfices en baisse
Le géant espagnol a engrangé 69,3 millions d’euros de bénéfices, contre 92,9 millions début 2021. Les analystes interrogés par Factset tablaient sur un profit aux alentours des 77,3 millions d’euros. Les résultats sont donc bien inférieurs aux attentes.
Cette dynamique s’explique par l’entrée en vigueur début 2021 d’un nouveau cadre de régulation des prix du marché, qui a réduit ses marges sur le marché intérieur espagnol. Néanmoins, la forte demande a permis de compenser ce recul. De fait, la demande a augmenté de 11,5% en un an. Ceci s’explique par le redémarrage de l’économie après le trou d’air provoqué en 2020 par l’épidémie de Covid-19.
Les résultats du premier trimestre sont « en ligne avec les attentes » de l’entreprise, a souligné dans un communiqué Enagas, disant maintenir son objectif de 430 millions d’euros de profits en 2022. Enagas va en effet bénéficier au cours des prochains mois de plusieurs cessions d’actifs, dont la vente de 45% du port méthanier GNL Quintero (Chili), qui devrait lui rapporter près de 122 millions d’euros.
Un marché du gaz sous tension
Ces résultats surviennent dans un contexte de tensions sur le marché du gaz, en raison de la forte demande internationale mais aussi, en ce qui concerne l’Espagne, de la fermeture du gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME). Ce gazoduc, qui reliait sur 1.400 kilomètres les gisements de l’Algérie à la péninsule ibérique via le Maroc, a été mis hors service début novembre par l’Algérie, sur fond de tensions diplomatiques entre Alger et Rabat.
Pour compenser sa fermeture, des travaux ont été entrepris afin d’accroître la capacité d’un pipeline concurrent : le Medgaz, un gazoduc sous-marin de 750 kilomètres reliant l’Algérie à l’Espagne. Les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) via des navires méthaniers ont elles aussi été renforcées, avec la réservation de créneaux supplémentaires dans les six ports gaziers espagnols gérés par Enagas.