Les émissions de carbone de la ville de New York aurait dépassé les 50,7 millions de tonnes en 2017 selon certaines estimations. Pourtant, il est assez difficile de savoir si ces données sont réellement exactes, car elles ne sont recueillies que sur quelques sources de pollution. Ainsi, si les calculs sont incorrects ou si le processus est erroné, l’inventaire des émissions pourrait être faussé.
Émissions de Carbone : la situation new-yorkaise actuelle
Sur les émissions de carbone de la ville de New York, Roisin Commane, chimiste atmosphérique à l’observatoire terrestre Lamont-Doherty de l’Université de Columbia, a développé un moyen de mesurer directement les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la ville.
Le procédé de la chimiste voudrait mettre en place un instrument sur un grand bâtiment de Harlem pour mesurer les niveaux de polluants atmosphériques locaux de haut en bas.
Actuellement, les estimations d’émissions de dioxyde de carbone, de méthane et de monoxyde de carbone de la ville de New York varient considérablement selon la méthode utilisée pour les calculs.
Roisin Commane explique que :
« Certaines semblent plus réalistes que d’autres. Mais nous ne savons pas ce qui est correct sans ces mesures « top-down » dans l’atmosphère, et nous ne saurons pas ce qui nous manque. »
La méthode Commane
Début des mesures en 2019
Depuis janvier 2019, Commane et son équipe ont commencé à mesurer les émissions de gaz à effet de serre depuis l’observatoire situé sur les toits du City College de New York.
L’observatoire est situé suffisamment proche du centre-ville afin que l’instrument de mesure puisse détecter les différents niveaux de pollution dans l’air.
Roisin Commane expliquait dans un article du Earth Institute Columbia University :
« Il est inhabituel d’avoir un site qui puisse faire cela […] Nous ne pouvons pas exactement mettre une tour au milieu de la ville de New York, donc c’est en quelque sorte la prochaine meilleure chose à faire. »
Depuis, le dispositif a déjà commencé à faire ses preuves. Il a notamment révélé des réductions temporaires de la pollution de l’air et des émissions liées au réchauffement climatique pendant que la ville faisait face au Covid-19. Ainsi, pendant la fermeture de New York en mars, l’instrument a mesuré une baisse de 10% du taux de CO2 et de méthane et une diminution de 50% de la concentration en monoxyde de carbone par rapport au printemps précédent.
Le spectromètre à cavité annulaire
Le dispositif mis en place par l’équipe de Mme Commane est connu sous le nom de spectromètre à cavité annulaire. Ce dernier fonctionne en faisant rebondir un laser infrarouge plusieurs fois à travers un tube rempli d’air aspiré de l’environnement qui l’entoure.
Cette machine permet à l’équipe de déterminer la concentration en gaz à effet de serre de l’atmosphère.
Ainsi, lorsque le spectromètre mesure un changement dans les concentrations atmosphériques, le docteur Luke Schiferl analyse les résultats. En effet, M. Schiferl analyse quelle part du changement est due à une augmentation ou une diminution des émissions de la ville.
Elise Gout, explique dans un article du Earth Institute Columbia University :
« Par exemple, un jour de vent, les mesures des niveaux de gaz à effet de serre pourraient être plus faibles même si les émissions sont les mêmes. Et comme le site de mesure est éloigné des sources d’émissions, l’équipe doit également tenir compte de l’endroit où l’air a été. Les sites de mesure de la qualité de l’air qui surveillent régulièrement le monoxyde de carbone dans tout New York et le New Jersey aident l’équipe à déterminer ce qu’il y avait dans l’air avant son arrivée dans la ville. Les modèles atmosphériques qui incluent la vitesse et la direction du vent aident Schiferl à déterminer la quantité de gaz à effet de serre que l’air aurait pu capter en passant au-dessus d’une cheminée ou d’une autre source d’émissions. »
Les objectifs de l’équipe de Mme Commane
Dans l’année à venir, cette équipe souhaite mettre en place un réseau de sites mesurant les concentrations en gaz à effet de serre autour de la ville de New York, dans le haut New Jersey et le Connecticut.
L’affiliation de Commane au milieu universitaire lui permettrait d’effectuer des mesures dans tous les Etats du pays car, les agences environnementales ne peuvent entreprendre ce genre de projet.
Roisin Commane expliquait dans un article du Earth Institute Columbia University :
« Une grande partie du transport et de l’importation de marchandises se fait dans le port de New York et du New Jersey […] Si nous faisons attention à la façon dont nous procédons, nous pourrions obtenir une bien meilleure estimation des émissions pour la grande zone métropolitaine. »
À l’avenir, de meilleures estimations permettront aux collectivités locales de suivre l’efficacité de leurs plans environnementaux. Par exemple, l’année dernière, la ville de New York s’est engagée à diminuer de 80% ses émissions de GES pour 2050.