Les émissions de carbone sont à présent au cœur des préoccupations de la Thaïlande. Celle-ci rejoint, cette année, la liste des États optant pour un objectif des émissions de gaz à effet de serre. Une avancée importante pour un pays dont la consommation d’énergie, majoritairement importée, repose principalement sur l’énergie fossile, notamment le pétrole et le charbon.
La réduction des émissions de carbone de 20% d’ici 2030
Le secteur de l’électricité thaïlandaise, en augmentation constante, dépend essentiellement des combustibles fossiles, qui représentent 81% du parc de production. Pour respecter ses objectifs environnementaux, l’État a donc modifié son plan de développement énergétique pour produire son électricité à partir de gaz et d’énergies renouvelables.
Ankit Mathur, Responsable du secteur de l’énergie au sein de la société d’analyse et de conseil en matière de données GlobalData a d’ailleurs déclaré :
« La Thaïlande est un producteur de pétrole et de gaz et mais il est principalement dépendant du gaz pour sa production d’électricité. »
Un nouveau secteur électrique basé sur les énergies renouvelables
Dans le cadre de son plan de transition vers une production verte, la Thaïlande souhaite produire son électricité à partir d’énergies renouvelables à hauteur de 30% d’ici 2036. Selon GlobalData, le pays va donc voir sa production d’énergie verte augmenter significativement. Selon l’analyste, d’ici 2030, elle verra s’installer sur son territoire 4,7 GW d’énergie solaire photovoltaïque, 5,2 GW de projets gaziers, 2,6 GW de bio production et 1,4 GW d’énergie éolienne.
Cette transition énergétique sera menée par les biocarburants tirés du riz, du sucre, de l’huile de palme et de l’industrie du bois, source de biomasse pour le pays. Grâce à la baisse des prix, l’énergie solaire et éolienne participeront aussi à cette transition qui réduira fortement l’utilisation des énergies fossiles.
L’élimination progressivement du charbon
Selon Ankit Mathur, la disparition du charbon est la clé des objectifs de réduction des émissions de carbone en Thaïlande. Selon son nouveau plan de développement de l’électricité, la part de cette ressource dans le bouquet énergétique du pays devrait être grandement réduite d’ici 2037. Ce minéral est, en effet, un vecteur de pollution atmosphérique important et produisait en 2017, 41% des émissions de CO2 du secteur de l’électricité selon GlobalData. Avec cette politique, la Thaïlande s’aligne sur la France et Londres en manière énergétique.
« Avec le faible prix du gaz naturel, la baisse du coût des capitaux renouvelables et une vision d’économie à faible émission de carbone, il est probable que la part du charbon dans le mix de production se réduise à environ 10% en 2030. L’essor des énergies renouvelables va probablement pousser le charbon à se retirer du marché, car le gouvernement cherche à tirer parti des énergies renouvelables bon marché. »
Cette diminution du charbon sera remplacée par une production de gaz qui atteindra 60% en 2030.
L’arme pour lutter contre les émissions de carbone, la création d’un « prix carbone »
Selon l’agence internationale de l’énergie, » la mise en place d’un prix carbone pourrait accélérer de manière rentable les progrès de la nation vers son objectif climatique. » De plus, le pays a déjà créé un marché volontaire du carbone et envisage de mettre en place un système national d’échange de droits d’émission. Une convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques pourrait permettre au pays d’avoir accès au développement et au transfert de technologies, aux ressources financières et au soutien au renforcement des capacités. Cependant, la Thaïlande fait face à un certain nombre d’obstacles, notamment la nature du système électrique et l’environnement politique du pays.
Des émissions de carbone réduites par le « Smart City Handbook »
Le Royaume-Uni et la Thaïlande se sont associés pour créer des villes intelligentes grâce à une planification urbaine et l’intégration des technologies artificielles. 50% de la population Thaïlandaise vivent déjà dans les villes, pour 65% d’ici 2040. L’urbanisation, le transport et la pollution sont donc des enjeux importants de la décarbonation. Celle-ci passe par le développement de la recherche, le déploiement de bâtiments et de véhicules électriques peu polluants et les énergies renouvelables dans la ville.
Londres a aussi lancé un réseau commercial numérique avec la Thaïlande et a choisi le pays comme marché principal dans le cadre de l’Académie britannique des exportations technologiques pour l’Asie Pacifique. Le Royaume-Uni prévoit, notamment, de développer un système de gestion des inondations pour Lad Phrao et un centre pour collecter et utiliser des données pour la prise de décision à Bangkok.
Londres, qui prévoit d’être la ville la plus intelligente du monde, supporte donc la transition d’un nouveau pays d’Asie qui rejoint la lutte contre le changement climatique.