Jusqu’à 30 % de la consommation énergétique des data centres en Asie du Sud-Est pourraient être couverts par des sources renouvelables comme le solaire et l’éolien d’ici 2030, sans nécessité de stockage par batteries. C’est la conclusion d’un rapport publié par le groupe de réflexion Ember le 27 mai. L’étude appelle à des réformes politiques pour aligner la croissance numérique régionale avec les objectifs énergétiques.
Une demande en électricité en forte progression
Le rapport d’Ember observe une accélération du développement des infrastructures numériques dans six économies de l’ASEAN : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Viêt Nam. Ces pays concentrent actuellement 2,9 GW de projets de data centres. L’expansion du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) augmente significativement la demande électrique, dans une région encore dépendante du charbon et du gaz.
La Malaisie, marché le plus exposé
Selon Ember, la Malaisie enregistrera la croissance la plus rapide de la consommation électrique des data centres. Elle passerait de 9 TWh en 2024 à 68 TWh en 2030, soit 30 % de la consommation nationale projetée, dépassant la consommation totale de Singapour en 2023. Les émissions associées pourraient atteindre 40 MtCO2e, un niveau sept fois supérieur à celui d’aujourd’hui, plaçant le pays en tête de la région en volume d’émissions issues des centres de données.
Des leviers identifiés sans recours au stockage
L’étude souligne que l’éolien et le solaire pourraient répondre à un tiers des besoins en électricité des centres de données d’ici 2030 sans nécessiter de stockage par batteries, souvent perçu comme un frein à l’adoption des énergies propres. Ember estime que cet objectif est atteignable grâce à un soutien politique fort, à une meilleure accessibilité des marchés de l’énergie et à une planification coordonnée des infrastructures.
Un cadre politique à renforcer
Actuellement, seules les grandes entreprises technologiques peuvent sécuriser de l’électricité renouvelable via des contrats d’achat d’électricité à long terme (Power Purchase Agreements, PPA). Ember recommande d’ouvrir l’accès à des mécanismes plus souples, comme les PPA virtuels ou les tarifs verts, afin de permettre aux opérateurs de moindre taille de s’approvisionner de manière durable.
“L’industrie florissante des data centres en ASEAN risque de compromettre les objectifs de transition énergétique sans mesures urgentes,” a déclaré Shabrina Nadhila, analyste énergie chez Ember. “Donner la priorité au solaire et à l’éolien, avec des politiques solides et une collaboration régionale, permettrait d’accompagner la croissance numérique sans renforcer la dépendance aux énergies fossiles.”