Les réseaux électriques interconnectés des pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) recèlent jusqu’à 30 gigawatts (GW) de potentiel en énergies solaire et éolienne, selon une étude publiée par l’organisme de recherche Ember le 15 mai. Cette capacité, concentrée autour des principaux corridors de transmission transfrontaliers, représente une opportunité significative pour renforcer la sécurité énergétique régionale tout en soutenant la croissance économique.
Modernisation des réseaux pour intégrer les énergies variables
L’ASEAN, encore largement tributaire des énergies fossiles, prévoit d’augmenter la part des énergies solaire et éolienne dans son mix électrique à 23 % d’ici 2030, contre 4 % actuellement. Pour permettre cette évolution, le rapport souligne la nécessité d’infrastructures plus flexibles et interconnectées, en incluant le stockage d’énergie par batteries, la gestion active de la demande, ainsi que les stations de pompage-turbinage.
Cette modernisation est jugée essentielle pour répondre à une demande croissante en électricité, notamment issue des centres de données, de l’électrification des transports et de l’activité industrielle. Selon Ember, ces nouveaux développements pourraient générer environ 182 000 emplois dans la région, en lien direct avec les installations de production d’énergie renouvelable.
Accélération des projets de transmission transfrontalière
Entre 2023 et 2030, l’Indonésie, le Viet Nam, la Thaïlande et les Philippines projettent d’ajouter 45 076 kilomètres de lignes de transmission, soit près de 45 % de l’objectif défini dans le scénario Announced Pledges de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette expansion reste cependant insuffisante au regard des objectifs nationaux de transition énergétique, nécessitant un doublement des efforts actuels.
L’interconnexion électrique régionale est identifiée comme un levier pour optimiser l’utilisation des ressources renouvelables disponibles et favoriser la mutualisation entre États membres. Toutefois, seuls le Cambodge, la Malaisie et Singapour ont rejoint à ce jour l’initiative Global Energy Storage and Grids Pledge, qui vise le déploiement de 1 500 GW de capacité de stockage et 25 millions de kilomètres de réseaux à l’échelle mondiale d’ici 2030.
Enjeux de coordination et d’investissement
Le rapport met également en avant l’importance d’une planification régionale coordonnée pour assurer la viabilité économique des projets et attirer les financements nécessaires. L’intégration de nouveaux modèles économiques, le développement de l’infrastructure numérique pour le partage transfrontalier des données, ainsi que la prise en compte des besoins liés aux véhicules électriques figurent parmi les priorités.
« Une planification complète des réseaux est indispensable pour atteindre les objectifs énergétiques de l’ASEAN », indique le rapport d’Ember, qui souligne aussi le rôle stratégique d’un cadre réglementaire ouvert et transparent pour soutenir la croissance du marché de l’électricité.