Les sources d’électricité bas carbone, comprenant les énergies renouvelables et le nucléaire, ont représenté 40,9 % de la production mondiale d’électricité en 2024, selon les données publiées le 8 avril par le groupe de réflexion énergétique Ember. Il s’agit de la première fois depuis les années 1940 que ce seuil est franchi, marquant une inflexion majeure dans les trajectoires énergétiques nationales. Le solaire a dominé cette dynamique avec une production en hausse de 29 %, totalisant 474 térawattheures (TWh), ce qui en fait la première source de nouvelle capacité pour la troisième année consécutive.
Une dynamique portée par les renouvelables
En 2024, la production d’électricité renouvelable a progressé de 858 TWh, soit une augmentation de 49 % par rapport au précédent record enregistré en 2022. L’énergie solaire a doublé sa production sur les trois dernières années pour dépasser les 2 000 TWh, tandis que l’éolien a atteint une part de 8,1 % de la production mondiale. L’hydroélectricité est restée stable à 14 %, demeurant la principale source renouvelable en volume. Ces résultats sont issus du Global Electricity Review d’Ember, fondé sur des données provenant de 88 pays représentant 93 % de la consommation mondiale d’électricité.
Une demande soutenue qui maintient les fossiles
La forte progression de la demande électrique mondiale, en hausse de 4 %, a contribué à une légère augmentation de la production à base de combustibles fossiles, qui a crû de 1,4 % en 2024. Selon Ember, les vagues de chaleur ont été responsables de près d’un cinquième de cette hausse. Corrigée des effets climatiques, la progression du fossile aurait été limitée à 0,2 %, le reste de la demande supplémentaire ayant été couvert à 96 % par les sources bas carbone.
Technologies émergentes et réorientation des politiques
L’intensification des usages liés à l’intelligence artificielle, aux centres de données, aux véhicules électriques et aux pompes à chaleur a contribué à une hausse de 0,7 % de la demande globale en électricité en 2024, soit le double de leur contribution d’il y a cinq ans. Ember anticipe une croissance durable de la production propre, suffisante pour répondre à une demande mondiale en hausse estimée à 4,1 % par an jusqu’en 2030, ce qui pourrait marquer un déclin structurel des énergies fossiles.
La Chine et l’Inde au centre de la réorganisation du mix
Plus de la moitié des gains solaires enregistrés en 2024 ont été générés en Chine, où la croissance de la production bas carbone a satisfait 81 % de l’augmentation de la demande intérieure. L’Inde, quant à elle, a doublé ses capacités solaires nouvelles par rapport à 2023. Ces deux marchés jouent un rôle central dans la réorganisation du paysage énergétique mondial, leur transition vers l’électricité propre influençant directement l’évolution des politiques énergétiques globales.