Eletrobras ne sera bientôt plus une compagnie énergétique publique. Le congrès brésilien vient de voter la privatisation à 258 voix contre 136. Une mesure qui s’inscrit dans la politique libérale du ministre de l’Économie brésilien Paulo Guedes.
Eletrobras : un processus de privatisation entamé en février 2021
Le 23 février, 2021 une ordonnance adoptée par le Président brésilien Jair Bolsonaro a entamé ce processus de privatisation. Ce projet de loi a alors été approuvé une première fois par les députés durant le mois de mai 2021. Après avoir légèrement modifié le texte, le Sénat a, lui aussi, voté par l’affirmatif jeudi 17 juin.
Finalement, les députés ont a nouveau adopté ce texte lundi 21 juin avec une large majorité. 258 personnes ont voté pour le oui alors que 136 ont penché pour le non. Certains amendements doivent encore être soumis au vote avant la promulgation du texte par le président.
Baisser la participation de l’État au capital de Eletrobras
Conséquence de cette loi : la privatisation de la première compagnie d’électricité d’Amérique latine crée en 1962. Un processus rendu possible par l’émission de nouvelles actions. Ainsi l’État brésilien espère faire baisser sa participation au capital de l’entreprise de 51,8% à 45%.
Les actions de l’entreprise ont d’ailleurs progressé de 10% durant l’examen du texte par le sénat. Un chiffre qui s’élevait à 35% en janvier lors de l’annonce de cette privatisation.
Une privatisation à hauteur de 9,98 milliards d’euros
Le changement de statut de l’entreprise devrait aboutir début 2022. L’État espère tirer de la vente des actions entre 25 et 60 milliards de réals. Une somme équivalente à environ 5 et 9,98 milliards d’euros.
Le produit de cette vente sera versé au Trésor. Il servira notamment à payer le renouvellement des concessions des centrales hydroélectriques et des lignes de transmissions d’Eletrobras.
Un rôle important laissé à l’État brésilien
Malgré cette privatisation, l’État gardera un rôle au sein de l’entreprise. Ce dernier aura notamment un droit de regard sur les questions stratégiques. Le gouvernement pourra par exemple s’opposer aux offres hostiles et aux autres menaces.
Le barrage d’Itaipu, l’un des plus grands du monde, et les centrales nucléaires d’Eletronuclear continueront aussi à être gérés par l’État brésilien. En effet, selon la Constitution du pays seul l’État peut administrer leur fonctionnement. Pour cela ces infrastructures seront donc détachées du groupe Eletrobras.
La gauche craint une augmentation des prix de l’électricité
Certains politiciens de gauche ont fortement critiqué cette privatisation de l’une des plus grandes entreprises étatiques brésiliennes. Ces derniers ont notamment peur de voir le prix de l’électricité augmenter. L’ABRACE a estimé que cette privatisation coûterait 56 milliards de réals aux consommateurs (environ 9,4 milliards d’euros).
De même elle réduirait la compétitivité du secteur et découragerait les investisseurs. Une affirmation contredite par le ministre de l’Économie, Paulo Guedes. Ce dernier a déclaré que cette nouvelle loi permettrait de réduire 7,4% des factures d’électricité.
Activation des centrales thermoélectriques
Ce projet de loi prévoit aussi la mise en service obligatoire de centrales thermoélectriques au gaz dans des régions clés. L’exigence serait portée de 6000 MW à 8000 MW. Les centrales seraient construites dans le cadre de concessions privées de 30 ans.
En raison d’une sécheresse, qui entraine un rationnement de l’électricité, ces centrales thermoélectriques sont actuellement en fonctionnement. Or ces installations produiraient une électricité plus chère. La production d’électricité à base de charbon a cependant été rejetée par les sénateurs.
Redynamiser les bassins hydrographiques
Le mix électrique du pays repose à 85% sur des centrales hydroélectriques. Or, 50 d’entre elles sont possédées par Eletrobras qui a produit en 2019 185 millions de MWh. Pourtant l’entreprise manque de fond pour rester compétitive.
De même, actuellement, les phases de sécheresses entrainent des pénuries d’électricité dans tous les pays. L’entreprise profitera donc de la privatisation pour faire face au dérèglement climatique. Elle redynamisera également les bassins hydrographiques.
Cette privatisation sera donc bénéfique pour l’État qui remplira ses coffres. Cependant, de nombreux opposants redoutent une flambée des prix de l’électricité. Jair Bolsonaro souhaite continuer cet élan de privatisation duquel il espère engranger 445,6 milliards de réals, soit environ 74,6 milliards d’euros.