Au cours des dernières décennies, le charbon a subi un déclin sans précédent, perdant progressivement son rôle central dans le mix énergétique américain. Alors que les élections présidentielles de 2024 battent leur plein, la question du charbon, autrefois cruciale, semble quasiment absente des discours politiques, notamment ceux des candidats Donald Trump et Kamala Harris. Ce silence reflète l’évolution du secteur énergétique américain et l’acceptation croissante de l’inévitable transition vers des sources d’énergie plus durables.
L’industrie du charbon a longtemps été un acteur de poids en matière de financement politique et de lobbying. Cependant, les changements structurels du marché de l’énergie ont conduit à une diminution de la demande de charbon. En 1990, le charbon représentait 52 % de l’électricité produite aux États-Unis. En 2023, ce chiffre est tombé à 15 %, et il est projeté à seulement 6,4 % d’ici 2035, selon les prévisions de S&P Global Market Intelligence.
Le déclin progressif de l’influence politique du charbon
La production de charbon aux États-Unis a atteint son apogée en 2008, mais cette tendance a rapidement basculé face à l’essor du gaz naturel et des énergies renouvelables. Sous l’administration Obama, les politiques climatiques ont exacerbé les tensions avec l’industrie du charbon, conduisant à une polarisation politique de ses partisans, qui se sont ralliés en grande partie au Parti républicain. De ce fait, les États producteurs de charbon comme la Virginie-Occidentale ont glissé vers le camp républicain, délaissant leur historique soutien au Parti démocrate.
Robert Byrd, ancien sénateur de Virginie-Occidentale, illustrait bien ce changement de paradigme lorsqu’il déclarait en 2009 que la résistance au changement condamnerait l’industrie. Ce revirement a cependant été ignoré par une grande partie des habitants de l’État, qui ont préféré soutenir des candidats prônant le maintien de l’industrie charbonnière.
Le bouleversement énergétique provoqué par la fracturation hydraulique
L’essor du gaz de schiste, permis par les avancées en fracturation hydraulique, a profondément perturbé le marché du charbon. Ce gaz, plus propre et moins coûteux, a offert une alternative attrayante aux centrales électriques au charbon. Dans ce contexte, la campagne de Donald Trump en 2016 a capté l’attention en promettant de « redonner vie » au charbon. Pourtant, malgré les engagements de Trump, l’industrie n’a cessé de décliner sous son mandat, la production et l’emploi ayant respectivement chuté de 26,5 % et 18,2 % entre 2016 et 2020.
Aujourd’hui, l’influence politique du charbon diminue au point où ni Trump ni Harris n’abordent la question dans leurs discours électoraux de 2024. Cet abandon souligne le fait que le charbon n’est plus un enjeu politique majeur, la plupart des électeurs semblant accepter son déclin inéluctable.
Le charbon face à la réglementation environnementale
L’avenir du charbon reste pourtant un sujet stratégique pour le secteur, notamment en raison de nouvelles régulations environnementales. Une réglementation de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) impose désormais aux centrales à charbon et au gaz de capter 90 % de leurs émissions de carbone d’ici 2032. Les acteurs de l’industrie s’inquiètent des impacts de ces restrictions sur la production d’énergie et le maintien de la fiabilité du réseau électrique.
Malgré cette baisse d’influence, des voix continuent de plaider pour un maintien du charbon dans le mix énergétique, invoquant des préoccupations en matière de fiabilité et de sécurité énergétique. Le porte-parole de la National Mining Association souligne notamment que les régulateurs du réseau, opérateurs et fournisseurs d’électricité avertissent des risques de pénuries d’énergie si le charbon venait à disparaître trop rapidement du paysage énergétique.
Une influence en retrait mais persistante au niveau local
Bien que le charbon ne soit plus une priorité nationale, il conserve une certaine influence au niveau des États. Des sociétés de services publics ont récemment reporté des fermetures de centrales à charbon, cherchant à retarder la transition vers les énergies renouvelables. Des efforts de lobbying au niveau local tentent de persuader les autorités de ralentir cette transition, en mettant en avant les risques de pannes et de coûts élevés pour les consommateurs.
Selon Bruce Nilles, directeur exécutif de Climate Imperative et ancien cadre de la campagne Beyond Coal du Sierra Club, l’industrie du charbon reste active dans certains États, réussissant à créer un sentiment de crise et à influencer les décisions locales.
Alors que l’Amérique semble se tourner vers un avenir énergétique plus propre, le charbon continue de résister à travers des initiatives locales, bien qu’il soit de plus en plus considéré comme une relique d’une époque révolue.