La capacité étatsunienne à raffiner le pétrole brut est passée sous la barre des 18 millions b/j au début de 2022. Selon le rapport annuel de l’EIA sur la capacité de raffinage, c’est son plus bas niveau depuis 2014.
L’EIA estime une baisse historique des capacités de raffinage américaines
L’Administration américaine d’information sur l’énergie prévoit que la capacité de raffinage étatsunienne tombe à 17,94 millions b/j au 1er janvier. Cela représente une baisse par rapport aux niveaux de janvier 2021 (18,09 millions b/j) et 2020 (18,98 millions b/j). Selon l’EIA, la projection pour 2022 est la projection la plus faible depuis 2014 (17,92 millions b/j).
Cette baisse intervient dans un contexte de fermetures de raffineries ces dernières années, et de la récente inflation. Les nouveaux records de prix du pétrole, de l’essence et du diesel au détail sont dus à une combinaison de facteurs. Parmi eux, on peut notamment citer la reprise de la demande après la pandémie et la guerre russo-ukrainienne.
Plusieurs raffineries, destinées à être reconverties, ont effectivement fermé ces dernières années. En cause, on compte des dégâts, la pandémie, les coûts d’exploitation, des ventes difficiles ainsi que des prévisions pessimistes. L’EIA évoque également la crainte d’une tempête majeure sur la côte, pouvant avoir un impact dramatique sur l’approvisionnement en carburant.
Chevron, l’exception qui confirme la crise
Mike Wirth, PDG de Chevron, a écrit le 21 juin au président Joe Biden. Il fait valoir que Chevron s’efforce de produire plus de pétrole et de carburants, mais qu’elle voit ses efforts pratiques limités. Pour lui, l’administration Biden aurait souvent « cherché à critiquer et, parfois, à vilipender notre industrie. »
A propos de l’activité du géant de l’industrie pétrolière, M. Wirth déclare :
« En 2021, Chevron a produit le plus grand volume de pétrole et de gaz de nos 143 ans d’histoire. Au premier trimestre 2022, notre production américaine était de 1,2 million de b/j, en hausse de 109 000 b/j par rapport au même trimestre de l’année précédente. »
Ainsi, selon son PDG, l’entreprise augmente sa production malgré les difficultés du secteur. Pour 2022, Wirth évoque ainsi une production augmentant de 15% par rapport à 2021 dans le seul bassin permien. Chevron a acquis Pasadena (Textas) en 2019, devenant une des rares entreprises à avoir récemment racheté une raffinerie.
Les raffineries américaines, massivement fermées et converties
Selon l’EIA, la capacité de raffinage de l’Amérique du Nord a diminué de près de 1,3 million de b/j au cours des trois dernières années. Quelques modestes extensions de capacité, comme la raffinerie d’ExxonMobil à Baton Rouge (Louisiane), font figure d’exception. ExxonMobil est une des rares entreprises américaines à investir dans le raffinage, mais ses projets sont retardés par la pandémie.
En Louisiane, trois sites de raffinage ont fermé depuis le début de l’année 2020. Cela représente une capacité totale de 602 246 b/j. D’autres fermetures ont lieu ailleurs sur le territoire, dont celle de la raffinerie Houston, au Texas (263 776 b/j).
En Californie, l’accent est mis sur la conversion des raffineries de pétrole traditionnelles en unités de carburants renouvelables. En 2020, Phillips 66 a annoncé souhaiter transformer sa raffinerie de Rodeo (120 200 b/j). Elle devrait ainsi devenir la plus grande unité de production de carburants renouvelables du monde.
Réunion d’urgence entre la Maison Blanche et le secteur pétrolier
Le rapport de l’EIA intervient deux jours avant que la secrétaire d’Etat américaine à l’énergie, Jennifer Granholm, ne rencontre les dirigeants du secteur pétrolier. La Maison Blanche fait pression pour que la production et la capacité de raffinage augmentent. Karine Jean-Pierre, attachée de presse de la Maison-Blanche, s’est exprimée sur la réunion d’urgence réunissant sept compagnies pétrolières mercredi.
Selon elle, l’objectif est « de s’assurer que nous avons une conversation assise où nous trouvons des solutions, que nous travaillons avec les PDF pour trouver ce que nous pouvons faire d’autres pour faire avancer cette capacité. »
M. Biden ne participera pas à la fonction, mais a déclaré mardi qu’il envisageait un congé fiscal fédéral sur l’essence. Cela suspendrait temporairement la taxe de 18,4 cents par gallon. Une décision est attendue d’ici la fin de la semaine.