L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a sommé EDF de « réviser sa stratégie » pour résoudre les problèmes qui perturbent ses centrales depuis la fin de l’année 2021. Cette décision a été prise après la découverte d’une nouvelle fissure sur un circuit de secours d’un réacteur à l’arrêt, Penly 1, en Seine-Maritime. EDF a décelé un « défaut significatif de corrosion sous contrainte » sur une conduite de secours qui sert à refroidir le réacteur en cas d’urgence.
Un phénomène de corrosion présent
Le parc nucléaire d’EDF, composé de 56 réacteurs, a subi une crise sans précédent depuis la découverte d’un phénomène de corrosion sous contrainte en octobre 2021. Cette situation a entraîné l’arrêt de nombreux réacteurs pour des opérations de contrôle et de réparation de grande ampleur, ce qui a contribué aux pertes colossales enregistrées par l’électricien en 2022.
Nouvelle fissure découverte à Penly 1
Le nouveau défaut a été détecté lors d' »expertises métallurgiques » sur « une soudure déposée en janvier », selon une note publiée sur le site internet du groupe. La fissure se trouve à proximité d’une soudure d’une conduite de secours servant à refroidir le réacteur en cas d’urgence. Elle « s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm », selon l’ASN. La tuyauterie aurait pu être fragilisée par une opération de réparation visant à « réaligner » des circuits, au moment même de la construction du réacteur.
Une crise persistante pour EDF
Alors qu’EDF estimait être en sortie de crise sur le traitement de la corrosion sous contrainte, cette annonce jette de nouvelles incertitudes sur les perspectives de l’électricien pour 2023, après une année noire plombée par les déboires de son parc nucléaire. La France a ainsi connu en 2022 son plus bas niveau de production d’électricité depuis 1992 et a dû importer de l’électricité depuis ses voisins européens.
L’ASN a classé cette nouvelle fissure au niveau 2 de l’échelle INES (qui compte 8 niveaux) en ce qui concerne le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly et au niveau 1 pour les autres réacteurs concernés, notamment Civaux et Chooz B. Yves Marignac, expert en énergie et membre des groupes permanents d’experts de l’ASN, souligne que « le fait que des fissures plus importantes soient possibles pose la question du maintien en fonctionnement des 6 réacteurs de même type P’4 » en attendant leur réparation préventive.