Le Parquet national financier (PNF) a récemment lancé une enquête concernant des soupçons d’avantages offerts par EDF (Électricité de France) à plusieurs de ses anciens dirigeants. Selon une source judiciaire, ces pratiques s’étaleraient sur de nombreuses années et pourraient constituer un détournement de fonds publics, un délit pénal grave.
Les investigations ont débuté en 2024 après une dénonciation médiatisée par le quotidien Libération. Elles visent notamment les anciens présidents d’EDF, parmi lesquels Pierre Gadonneix (PDG entre 2004 et 2009) et Henri Proglio (2009-2014). Ces derniers ont été auditionnés en qualité de suspects à l’automne. François Roussely, un autre ex-dirigeant décédé en 2023, aurait également bénéficié de ces privilèges tout au long de sa vie, comme l’a rapporté le journal.
Des privilèges controversés
Les présidents d’honneur d’EDF, un statut honorifique réservé aux anciens patrons du groupe, bénéficieraient de moyens matériels importants. Ces avantages incluraient, selon la source judiciaire, des bureaux dans des quartiers prestigieux de Paris, une voiture avec chauffeur et un collaborateur détaché à leur service. Toutefois, l’enquête révèle que ces privilèges auraient été accordés en l’absence de délibérations du conseil d’administration ou d’un texte réglementaire encadrant leur attribution.
Ces pratiques suscitent des interrogations sur leur légitimité. Libération avance que certains de ces avantages auraient été accordés « à vie », ce qui alourdirait le coût pour la société, détenue majoritairement par l’État français.
Un cadre légal inexistant
L’absence de cadre légal ou réglementaire pour justifier ces allocations est au cœur de l’enquête. Selon les premiers éléments, aucun document officiel ne semble avoir validé ces dispositifs. EDF, sollicité pour des commentaires, a indiqué ne pas souhaiter s’exprimer à ce sujet.
Ces révélations mettent en lumière un système qui pourrait contrevenir aux règles de gestion des entreprises publiques. Le PNF cherche à déterminer si ces avantages relèvent d’un simple excès de générosité ou s’ils constituent un réel détournement de fonds publics.
Les prochaines étapes de l’enquête
La directrice des cadres dirigeants d’EDF a été entendue en février dernier comme témoin, marquant une étape clé dans cette procédure. L’enquête, toujours en cours à ce jour, devrait s’achever prochainement, selon des sources proches du dossier.
Il reste à voir si ces investigations déboucheront sur des poursuites judiciaires ou des mesures visant à renforcer la transparence et la gouvernance au sein des entreprises publiques.