EDF indique que l’EPR de Flamanville ne sera pas connecté au réseau électrique avant la fin de l’automne 2024, soit trois mois plus tard que prévu. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné son feu vert pour commencer la production des premiers électrons, mais le processus de raccordement, ou « couplage », requiert encore des essais pour atteindre un niveau de puissance initial de 25 %. Ce nouveau contretemps s’ajoute aux douze ans de retard accumulés par rapport au calendrier initial.
Les opérations de divergence, qui marquent le début des réactions nucléaires contrôlées, sont prévues pour cette semaine. Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire d’EDF, précise que cette phase prendra environ dix heures. Il souligne également que la montée en puissance du réacteur se fera par étapes, sans fournir de date précise pour atteindre la pleine capacité.
Problèmes techniques et gestion des imprévus
Les retards sont attribués à divers problèmes techniques rencontrés sur le site de Flamanville. Les équipes sur place ont dû effectuer des opérations supplémentaires pendant l’été en raison d’aléas imprévus, retardant ainsi le démarrage. Ces complications soulèvent des questions sur la gestion des risques et la maîtrise des coûts pour ce type de projet nucléaire. Le chantier a déjà été marqué par des anomalies dans la construction, comme des fissures dans le béton et des défauts de soudure, qui ont considérablement alourdi la facture finale.
Estimé initialement à 3,3 milliards d’euros, le coût de l’EPR de Flamanville atteint maintenant 13,2 milliards d’euros. La Cour des Comptes l’avait évalué à 19 milliards en 2020 en tenant compte des surcoûts liés au financement. Ces dépassements budgétaires reflètent les défis complexes liés à la réalisation de grands projets nucléaires en France.
Révision de la production nucléaire pour 2024
En dépit des retards de l’EPR, EDF ajuste à la hausse sa prévision de production nucléaire pour 2024, désormais estimée entre 340 et 360 TWh. Cette révision s’explique par de meilleures performances des autres réacteurs en service, qui fonctionnent au-delà des attentes initiales. La gestion optimisée des arrêts de tranche et des travaux de maintenance, notamment concernant la corrosion sous contrainte, a contribué à cette augmentation. Le climat estival, sans événements majeurs, a également favorisé ces résultats.
Cette révision ne tient pas compte de l’apport potentiel de l’EPR de Flamanville, dont la contribution au réseau pourrait représenter un atout supplémentaire si le réacteur est opérationnel d’ici la fin de l’année. Cependant, EDF demeure prudent quant à la montée en puissance de l’EPR, soulignant que chaque étape est conditionnée par la réussite des tests et par les validations réglementaires.
Contexte stratégique et implications industrielles
L’EPR de Flamanville joue un rôle clé dans la stratégie nucléaire de la France, notamment avec l’engagement du gouvernement à relancer la filière. Le président Emmanuel Macron a annoncé la commande de six réacteurs EPR2, avec huit autres en option, pour renforcer la production d’électricité d’origine nucléaire. Néanmoins, les difficultés rencontrées à Flamanville, qu’il s’agisse des retards ou des surcoûts, remettent en question la planification et la gestion de futurs projets similaires.
Les prochaines étapes du projet seront cruciales pour EDF et ses partenaires. Le raccordement de l’EPR de Flamanville au réseau est attendu comme un indicateur de la capacité du groupe à réaliser des projets complexes dans le respect des délais et des budgets prévus. La réussite ou l’échec de ce projet influencera les décisions futures, tant pour EDF que pour les autorités publiques en charge de la politique énergétique.