EDF a relancé le projet de reconversion à la biomasse de la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) et mène actuellement des essais pour y brûler des pellets dès l’hiver prochain, a annoncé le groupe d’électricité à l’AFP.
Produire des pellets
Suite à une annonce de la CGT, EDF a confirmé mardi avoir déposé un dossier dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) “pour le développement d’usines de granulés de biomasse traités thermiquement, prioritairement issus de déchets de bois”, lancé par le ministère de la Transition écologique en février.
Déposé le 26 avril en partenariat avec le groupe Paprec, spécialiste du traitement et de la valorisation des déchets, la proposition d’EDF vise à “la réalisation potentielle d’une usine” de production de pellets sur le site de la centrale électrique de Cordemais, inaugurée en bord de Loire en 1970.
“Il revient maintenant à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ndlr) d’analyser ce dossier, parmi tous ceux qu’elle aura pu recevoir, pour décider ensuite des suites qu’elle envisagera d’y donner”, précise le groupe.
EDF mène des essais
Mais “sans attendre la potentielle mise en service de cette usine qui, si elle était décidée, nécessiterait quelques années”, EDF précise mener “des essais” pour “pouvoir remplacer dès 2022, une partie du charbon brûlé à Cordemais par des pellets fabriqués à partir de biomasse”. “C’est un soulagement, une victoire!”, s’est réjoui Gwénaël Plagne, délégué syndical CGT d’EDF, qui se bat depuis 2015 pour ce projet de reconversion à la biomasse.
En juillet dernier, la direction d’EDF avait douché les espoirs des salariés en annonçant l’abandon du projet, à cause de son coût prohibitif et du retrait de son partenaire Suez. Entretemps, les prix de l’électricité ont flambé sur le marché européen et le système électrique français s’est retrouvé sous forte tension en raison de nombreuses fermetures de réacteurs nucléaires.
La centrale de Cordemais peut “avoir un rôle à jouer pour sécuriser le réseau dans les années à venir”, a souligné M. Plagne. Selon lui, les travaux de construction de l’usine de pellets pourraient débuter “début 2023” pour une “mise en service en 2025”. L’appel à manifestation d’intérêt du ministère vise explicitement des projets de “taille industrielle” (plus de 80.000 tonnes de granulés produits par an) “réalisables à court ou moyen terme” (1 à 3 ans après la réalisation des études).
Participer à la transition énergétique
Avec cette usine de pellets, il s’agit pour EDF de remplacer une partie du charbon par des granulés produits à partir des résidus de taille, d’élagage ou de bois d’ameublement. “EDF engage dès à présent la conversion de la centrale de Cordemais pour l’hiver prochain en faisant les travaux pour atteindre 20% de pellets neutres en CO2 dans le mix de combustible”, avec des pellets produits par l’usine FICA-HPCI à Reims, selon le communiqué de la CGT.
À terme, les pellets sont censés représenter 80% du combustible de la centrale, selon le projet de reconversion Ecocombust. D’après EDF, ce procédé permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de ses installations de 71% par rapport à un fonctionnement 100% charbon, évitant l’émission de 400.000 tonnes de CO2 par an.
EDF avait demandé 55 millions d’euros de subventions au titre du plan de relance pour Ecocombust. L’investissement était estimé à 114 millions d’euros pour l’usine de pellets et 20 millions d’euros pour l’adaptation de la centrale.