Les négociations d’EDF avec des industriels très consommateurs d’énergie avancent rapidement pour finaliser de nouveaux contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) d’ici la fin de l’année. Le groupe a déjà signé cinq de ces contrats, couvrant plus de 10 TWh de consommation annuelle sur quinze ans, soit environ 150 TWh d’approvisionnement, pour une valeur estimée à 10 milliards d’euros.
EDF propose à ces industries, dont la sidérurgie et la chimie, des tarifs préférentiels dans le cadre de CAPN, en échange d’une prise de risque sur le financement des infrastructures nucléaires. Ces contrats visent à remplacer le tarif préférentiel de l’Arenh (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique), qui arrivera à son terme en 2025. En contrepartie, EDF garantit des prix sur le long terme, contribuant ainsi à la stabilité des coûts pour ces entreprises tout en finançant son parc nucléaire.
Une politique commerciale axée sur la fidélisation des clients industriels
Selon Marc Benayoun, directeur exécutif du groupe EDF chargé du Pôle Clients, Services & Territoires, ces CAPN constituent une innovation importante dans la stratégie commerciale de l’entreprise. En plus des cinq contrats déjà signés, EDF a signé 24 accords de confidentialité, première étape vers une potentielle lettre d’intention. De ces 24 accords, cinq ont mené à des précontrats, lesquels devraient aboutir à des CAPN d’ici à 2026.
Les discussions s’intensifient avec d’autres acteurs industriels, et EDF espère annoncer de nouvelles signatures dans les jours à venir. Les contrats en cours de négociation répondent aux attentes croissantes des entreprises industrielles françaises, qui nécessitent des solutions énergétiques stables et compétitives pour maintenir leurs opérations sur le territoire.
Des défis autour de la compétitivité des tarifs proposés
Si EDF se montre confiante dans la conclusion de nouveaux CAPN, le processus de négociation reste toutefois tendu. De nombreux industriels ont critiqué les prix élevés proposés dans le cadre des CAPN, mettant en avant les risques pour leur compétitivité. Depuis plusieurs mois, des industriels électro-intensifs signalent des difficultés à obtenir des conditions tarifaires qui leur permettraient de rester compétitifs face à une concurrence internationale.
Cependant, EDF défend la pertinence et la compétitivité de ces offres. Selon Benayoun, les CAPN représentent une opportunité unique dans le contexte actuel du marché énergétique, avec des prix de l’énergie attractifs sur le marché qui favorisent la réindustrialisation et l’électrification.
Une alternative aux contrats d’accès régulé de l’Arenh
Les CAPN se présentent comme une solution de remplacement au dispositif d’Arenh, mis en place pour garantir aux industries un accès préférentiel à l’électricité nucléaire à un tarif encadré. Ce dispositif prendra fin en 2025, ouvrant la voie à une nouvelle ère de contrats basés sur des conditions de marché plus proches des réalités économiques actuelles et des impératifs de transition énergétique.
En offrant un tarif préférentiel contre une prise de risque partagée sur les investissements nucléaires, EDF espère convaincre un plus grand nombre d’industries de souscrire à ces nouveaux contrats. EDF envisage d’élargir cette approche pour financer l’expansion de son parc nucléaire, tout en garantissant un accès stable à l’énergie pour ses partenaires industriels.