L’énergéticien EDF cherche à capitaliser sur son vaste patrimoine foncier en proposant six sites industriels pour l’implantation de centres de données. Ces terrains, situés en Rhône-Alpes, Grand Est et Île-de-France, bénéficient d’un raccordement existant au réseau électrique, un avantage clé pour les opérateurs numériques.
Un atout stratégique pour le développement des centres de données
EDF a identifié quatre premiers sites offrant une puissance totale disponible de 2 GW. Deux autres emplacements seront sélectionnés d’ici 2026, portant à six le nombre total de sites dédiés. Ces terrains font partie des 35 sites qualifiés de « prêts à l’emploi » par l’État afin d’attirer de nouveaux acteurs du numérique en France.
Un appel à manifestation d’intérêt sera publié d’ici la fin du mois pour ces quatre premiers sites. EDF restera propriétaire des terrains et mettra en place des baux fonciers pour les entreprises intéressées, avec la possibilité d’intégrer des offres de fourniture d’électricité adaptées aux besoins des futurs exploitants.
Une réponse aux enjeux d’infrastructure énergétique
L’implantation rapide des centres de données est une priorité pour les acteurs du numérique. Selon EDF, l’un des principaux défis réside dans la disponibilité foncière et la capacité de raccordement électrique. « Nos sites étant d’anciens sites de production, ils disposent déjà de postes de transformation en 225 000 ou 400 000 volts, évitant ainsi des délais supplémentaires liés à l’infrastructure électrique », précise Stéphane Raison, directeur d’EDF en charge de l’installation des grands sites de consommation.
Cette caractéristique permettrait de réduire de plusieurs années les délais de mise en service des centres de données. Les terrains mobilisés représentent environ 150 hectares sur les 45 000 hectares d’emprise d’EDF, qui figure parmi les plus grands propriétaires fonciers de France après l’État et la SNCF.
Un levier de croissance pour EDF
Au-delà de l’optimisation de son foncier, EDF y voit un potentiel de revenus supplémentaires, notamment via la location des terrains et la fourniture d’électricité aux opérateurs numériques. Avec la remontée de sa production hydraulique et nucléaire après une année 2022 marquée par une faible disponibilité, EDF cherche à renforcer son portefeuille clients.
L’entreprise prévoit de stimuler une demande supplémentaire de 150 TWh d’ici 2035 pour accompagner la transition énergétique, dont 20 TWh destinés aux centres de données. Toutefois, EDF estime que ce chiffre pourrait être dépassé avec la mise à disposition des 35 sites annoncés par l’État et le groupe.
Un équilibre à trouver entre numérique et industrie
Si les data centers sont des moteurs de croissance pour le numérique, leur consommation énergétique suscite des interrogations. EDF insiste sur la nécessité d’une allocation équilibrée des ressources foncières et électriques. « Il n’y a pas que les data centers, il y a aussi les sites industriels à décarboner », rappelle Stéphane Raison.
Dans ce contexte, les investissements des opérateurs numériques devront être encadrés afin de garantir une disponibilité énergétique pour d’autres secteurs industriels stratégiques.