Le groupe Électricité de France (EDF) a confirmé son intention d’implanter une nouvelle unité industrielle sur le site de Cordemais, en Loire-Atlantique, à l’horizon 2028. Cette initiative intervient alors que l’électricien mettra fin à la production d’électricité à partir de charbon dans cette centrale à compter du 31 mars 2027, conformément aux dispositions de la loi énergie-climat adoptée en 2019.
La future usine, dédiée à la fabrication de tuyauteries nucléaires, sera portée par Framatome, filiale du groupe EDF spécialisée dans les équipements du secteur. EDF précise que l’usine emploiera à terme jusqu’à 200 salariés. Le groupe a indiqué que les études de faisabilité et de construction ont d’ores et déjà été engagées sur place.
Une réponse industrielle à l’après-charbon
La reconversion du site de Cordemais intervient après l’abandon du projet Ecocombust, annoncé par EDF en septembre 2024. Ce projet visait à transformer la centrale charbon en unité biomasse, mais a été stoppé faute de conditions technico-économiques jugées viables. EDF affirme vouloir maintenir une activité industrielle pérenne sur ce site stratégique de la façade atlantique.
La centrale de Cordemais est l’une des deux dernières centrales charbon encore en activité en France, avec celle de Saint-Avold (Moselle). Avec la fermeture programmée de ses deux unités, EDF mettra un terme définitif à la production d’électricité à partir de charbon sur le territoire national.
Critiques syndicales et tensions locales
Cette reconversion industrielle n’apaise pas les inquiétudes locales. La Fédération nationale des mines et de l’énergie – Confédération générale du travail (FNME-CGT) a qualifié la décision de « choix irresponsable », évoquant « un mépris total des territoires et des travailleurs ». Le syndicat reproche à EDF l’absence de solutions de reclassement localement viables, et alerte sur les conséquences sociales pour les salariés et leurs familles.
Dans un courrier adressé au Premier ministre François Bayrou, huit parlementaires de gauche élus de Loire-Atlantique dénoncent une opération qu’ils considèrent comme un « faux plan de conversion ». Selon eux, le projet n’offre pas d’alternative énergétique permettant une production locale à faible émission de dioxyde de carbone (CO₂). Les élus appellent à une reprise du dialogue entre le gouvernement, les collectivités locales et les syndicats, en soulignant les enjeux régionaux liés à la sécurité énergétique et à l’électrification croissante.
Impact pour la région Grand Ouest
La CGT affirme que l’arrêt définitif de la centrale privera la région d’un outil stratégique de production pilotable, à un moment où le Grand Ouest enregistre une vulnérabilité accrue du réseau, marquée par un taux élevé de coupures d’électricité. Le syndicat craint que la situation s’aggrave avec la fermeture des unités, sans garantie d’un dispositif de remplacement opérationnel.
EDF assure pour sa part qu’un accompagnement individualisé sera mis en place pour les salariés concernés, afin de faciliter leur transition professionnelle dans le cadre de cette réorganisation industrielle.