EDF a présenté en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes destiné à renforcer la stabilité de l’alimentation électrique dans l’archipel. Cette installation, mise en place sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, sera opérationnelle dans les prochaines semaines. L’appareil agit comme un alternateur fonctionnant à vide, reproduisant l’inertie mécanique généralement assurée par les turbines des centrales thermiques ou nucléaires.
Un réseau insulaire confronté à des défis structurels
Dans un territoire non interconnecté, les paramètres de fréquence et de tension sont particulièrement sensibles aux fluctuations de la production. Le compensateur synchrone permet d’absorber ou d’injecter de l’énergie réactive en quelques millisecondes, stabilisant ainsi le réseau sans recourir à la combustion de carburants fossiles. EDF indique que cet investissement, lancé en 2019, s’élève à plus de EUR20mn ($21.6mn) et devrait permettre d’économiser EUR5mn ($5.4mn) par an pour la collectivité.
La Guadeloupe a connu une série d’incidents sur son réseau, notamment un black-out total de plus de 36 heures en 2024, à la suite d’un mouvement social. Ces épisodes ont mis en lumière la vulnérabilité structurelle de l’archipel, dont le système électrique repose encore partiellement sur des centrales thermiques vieillissantes et une production intermittente d’origine renouvelable.
Une réponse technique à la montée des énergies renouvelables
Selon EDF Guadeloupe, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique a atteint 35% en 2023, mais elle a reculé en 2024 pour la première fois depuis 2016, passant sous la barre des 30%. L’Observatoire régional de l’énergie et du climat (OREC) attribue cette baisse à une diminution de la production renouvelable combinée à une hausse de la consommation, qui s’est établie à 1 479 GWh en 2024, en augmentation de 43 GWh par rapport à 2023.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la Guadeloupe fixe un objectif de 100% d’énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici 2028. Cependant, la nature intermittente des sources comme l’éolien ou le photovoltaïque nécessite des technologies de soutien telles que les compensateurs synchrones pour garantir la continuité du service.
Vers une généralisation dans les territoires non interconnectés
EDF envisage de déployer cette technologie dans d’autres territoires ultramarins soumis aux mêmes contraintes techniques. Des appels d’offres ont été lancés pour l’installation d’équipements similaires, avec l’objectif d’anticiper l’évolution des mix énergétiques régionaux tout en renforçant la sécurité des réseaux.
Les pertes en ligne en Guadeloupe restent élevées, représentant près de 13% de la production livrée en 2024, bien qu’en légère baisse par rapport à l’année précédente. Ce niveau souligne les défis logistiques liés à la distribution d’électricité dans un territoire insulaire fragmenté.