Venture Global LNG, producteur de gaz naturel liquéfié (GNL) basé aux États-Unis, est confronté à des accusations de non-respect de ses engagements contractuels, principalement en raison de retards attribués à des problèmes techniques au sein de son usine de Calcasieu Pass, en Louisiane. Selon ses clients, dont Shell et BP, l’entreprise aurait refusé de livrer des cargaisons de GNL malgré un démarrage partiel de la production. Le désaccord porte sur le statut de l’installation, Venture Global affirmant que l’usine n’a pas encore atteint sa pleine capacité opérationnelle et est toujours en phase de « pré-commissioning ».
Cette situation a conduit les clients à déposer des réclamations, arguant que Venture Global a utilisé cette justification pour maximiser ses ventes sur le marché spot, où les prix du GNL étaient plus élevés. Les plaignants affirment que la société aurait ainsi généré des revenus supplémentaires tout en privant les acheteurs de long terme de cargaisons à des tarifs préétablis, causant ainsi des pertes économiques significatives.
Le soutien de la FERC pour les pratiques de Venture Global
La Federal Energy Regulatory Commission (FERC) a récemment publié un rapport indiquant que Venture Global a pris des mesures adéquates pour diagnostiquer et résoudre les problèmes de performance de l’équipement. Le régulateur précise que les retards dans la livraison sont justifiés par les travaux techniques en cours et que l’entreprise a respecté les normes de sécurité et de mise en service de l’installation. Ce soutien vient contredire partiellement les accusations de manipulation et de mauvaise foi portées par Shell et BP, qui maintiennent que l’installation aurait pu être optimisée pour respecter les termes des contrats.
Cette position de la FERC est un tournant pour Venture Global, car elle pourrait influencer le résultat des arbitrages en cours. Toutefois, le rapport ne met pas fin aux litiges, car les plaignants estiment que les volumes de GNL livrés sur le marché spot dépassent largement ceux justifiés par une phase de « pré-commissioning ». Pour Shell et BP, l’argument de Venture Global ne tient pas compte des ajustements possibles qui auraient permis de satisfaire, même partiellement, les besoins des acheteurs sous contrat.
Conséquences pour le marché du GNL américain
Les tensions entre Venture Global et ses partenaires pourraient affecter la réputation des exportateurs américains sur le marché international. Les acheteurs de GNL cherchent de plus en plus des fournisseurs fiables et transparents pour sécuriser leurs approvisionnements à long terme, particulièrement en Asie, où la demande est en pleine croissance. Une issue défavorable pour Venture Global dans ces litiges pourrait décourager les investisseurs et acheteurs potentiels, au profit d’acteurs concurrents au Qatar, en Russie ou encore en Australie.
Le timing est d’autant plus crucial que Venture Global est sur le point de lancer un nouveau terminal de GNL en Louisiane, destiné à devenir le deuxième plus grand site de production de GNL aux États-Unis. Si l’entreprise parvient à surmonter ces conflits, elle pourrait renforcer sa position parmi les principaux exportateurs américains. Cependant, toute nouvelle interruption ou controverse pourrait compromettre les plans d’expansion et entraîner une perte de parts de marché.
Perspectives pour les clients et les régulateurs
Les entreprises plaignantes, notamment Shell et BP, ont intensifié leur pression pour obtenir une compensation financière pour les cargaisons manquantes. Elles craignent que l’incapacité de Venture Global à respecter ses engagements puisse créer un précédent et affaiblir la sécurité contractuelle dans l’ensemble du secteur du GNL. À l’inverse, si les régulateurs continuent de soutenir les pratiques de Venture Global, cela pourrait encourager d’autres producteurs à utiliser des phases de « pré-commissioning » comme argument pour retarder la livraison de leurs cargaisons, ce qui introduirait une instabilité supplémentaire sur le marché.
Pour les régulateurs comme la FERC, cette affaire est un test de leur capacité à arbitrer entre la protection des clients de long terme et la flexibilité opérationnelle des producteurs. Le défi est de trouver un équilibre qui assure à la fois la sécurité de l’approvisionnement et la rentabilité des projets GNL tout en préservant la confiance des investisseurs internationaux.