Le président-directeur général d’Électricité de France (EDF), Bernard Fontana, a indiqué dans un message interne adressé aux cadres du groupe que l’entreprise étudiait actuellement des ouvertures de capital sur certaines de ses activités à l’international. Cette orientation vise à dégager des marges de manœuvre financières dans un contexte où la dette du groupe s’élève à €54,3bn ($57.5bn).
Un recentrage stratégique sur les actifs prioritaires
Le dirigeant a précisé que l’entreprise allait donner la priorité aux investissements sur le territoire français, notamment dans le nucléaire et l’hydraulique. Les projets visent à renforcer la puissance des réacteurs existants et à moderniser les infrastructures hydroélectriques. Dans un environnement de marché contraint, EDF entend également réaliser un milliard d’euros d’économies sur ses frais généraux d’ici 2030, selon le contenu du message diffusé à ses principaux responsables.
À l’international, Bernard Fontana a évoqué une approche sélective, déclarant que le groupe est « prêt à étudier des ouvertures de capital sur des territoires ou dans des activités ciblées ». Il n’a toutefois pas précisé les zones géographiques ou les branches concernées. Des spéculations récentes évoquent une possible cession partielle ou totale de la filiale italienne Edison, ainsi que l’arrivée de partenaires pour certaines activités renouvelables d’EDF Power Solutions aux États-Unis.
Un équilibre difficile entre investissements et rentabilité
Le directeur général reconnaît que les flux de trésorerie générés actuellement par les activités d’EDF ne suffisent pas à couvrir l’ensemble des investissements engagés. Cette situation s’explique notamment par les faibles prix de vente de l’électricité, les dépassements de coûts sur les chantiers en cours et des branches jugées peu rentables. Le groupe se trouve contraint de revoir sa feuille de route dans un contexte énergétique et politique instable, marqué par l’absence de décret sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3).
La Cour des comptes a exprimé des préoccupations similaires dans un rapport publié le 23 septembre, soulignant les risques que font peser les incertitudes sur la capacité du groupe à financer un programme d’investissement évalué à €460bn ($487bn) entre 2025 et 2040. Le rapport mentionne également l’impact potentiel d’une dégradation de la notation financière d’EDF sur son accès aux marchés de capitaux.
Des arbitrages à venir sur l’avenir des actifs
Bernard Fontana a déclaré qu’un réalisme financier devait guider les choix à venir, avec un suivi renforcé de la rentabilité des activités. La direction insiste sur la nécessité de protéger l’accès du groupe aux financements, soulignant que toute détérioration de la note de crédit compromettrait sa capacité à lever les fonds nécessaires.
Amélie Henri, déléguée syndicale centrale CFE-CGC, a appelé à une meilleure visibilité politique pour sécuriser l’avenir du groupe, déclarant que « sécuriser EDF, c’est aussi sécuriser l’avenir énergétique de la France ».