L’électricien EDF va embaucher, mais en faisant des « arbitrages », a indiqué mercredi un porte-parole, en levant le moratoire annoncé seulement quelques jours auparavant.
« Ce moratoire nous a permis d’avoir des remontées des différentes directions pour pouvoir faire des arbitrages », a indiqué un porte-parole du groupe, sans en révéler l’ampleur chiffrée ni les métiers concernés. « La démarche (de gel des embauches) était destinée à faire un état des lieux de façon à faire des arbitrages et à établir des priorités », a-t-il ajouté, précisant que ces arbitrages seront réalisés « dans les jours qui viennent ».
Ce « moratoire » avait été décidé en interne au niveau de la direction des ressources humaines et la démarche n’avait pas vocation initialement à filtrer dans les médias. Interrogé, EDF avait néanmoins confirmé qu’il suspendait ses recrutements le temps de cerner ses priorités au moment où l’entreprise traversait « une situation difficile », avait expliqué ce porte-parole le 13 avril.
L’entreprise, en voie de nationalisation complète, est confrontée à de nombreux défis industriels et financiers impliquant davantage d’embauches plutôt que l’inverse. EDF doit à la fois redresser la production du parc nucléaire existant, prolonger sa durée de vie autant que possible et préparer la construction d’au moins six réacteurs, selon les priorités fixées par le gouvernement. Cela nécessitera beaucoup de main d’oeuvre alors que la France n’a pas construit de centrales depuis 21 ans.
Vendredi, le Gifen (groupement des industriels français de l’énergie nucléaire) doit remettre au gouvernement son rapport sur les besoins en compétences de la filière pour lancer ce qui est présenté comme le plus gros chantier nucléaire depuis le Plan Messmer en 1974. Selon les estimations, la filière va devoir recruter jusqu’à 10.000 personnes par an durant la décennie.
L’électricien a terminé l’année 2022 avec une perte record de 17,9 milliards d’euros, attribuant une partie de ses maux au mécanisme de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) et à ses difficultés de production dans le nucléaire à cause des problèmes de corrosion.