Les autorités tchèques ont récemment rejeté le recours d’EDF, contestant l’attribution d’un contrat nucléaire de grande envergure à la société sud-coréenne Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP). Cette décision porte sur la construction de deux nouveaux réacteurs pour la centrale de Dukovany, située dans le sud de la République tchèque. EDF, par la voix de sa porte-parole, a fait savoir qu’elle envisage de faire appel de cette décision dans les plus brefs délais, s’assurant ainsi que le processus de sélection respecte les principes d’équité et de transparence.
Le Bureau pour la Concurrence tchèque (UOHS) avait annoncé le 31 octobre le rejet des plaintes déposées par EDF et par le groupe américain Westinghouse. Ces deux entreprises avaient formé des recours contre le choix de Prague de poursuivre des négociations exclusives avec KHNP pour ce projet évalué à plusieurs milliards de dollars. L’UOHS a cependant précisé que les entreprises avaient le droit de faire appel et que l’énergéticien tchèque CEZ, en charge du projet, ne pourrait signer l’accord définitif avec KHNP tant qu’une décision finale n’aura pas été rendue.
Concurrence internationale et recours des entreprises
En juillet dernier, le gouvernement tchèque avait sélectionné KHNP comme candidat exclusif pour la construction des nouvelles unités de la centrale de Dukovany. Cette décision avait immédiatement été contestée par EDF et Westinghouse, qui avaient rapidement déposé des recours. Le groupe américain a reproché à KHNP d’utiliser certaines de ses technologies sans autorisation, posant ainsi des questions sur la propriété intellectuelle et les droits de licence.
EDF, de son côté, affirme que sa plainte vise à garantir la transparence du processus de sélection, mettant en avant l’importance de respecter les normes internationales dans l’attribution de contrats de cette envergure. L’entreprise française a également souligné son expérience et sa capacité à contribuer de manière significative au développement du parc nucléaire tchèque.
Objectifs de Prague pour l’énergie nucléaire
Le groupe CEZ, majoritairement contrôlé par l’État tchèque, exploite actuellement deux centrales nucléaires : Temelin et Dukovany. Ces installations, situées dans le sud de la République tchèque, produisent environ 30 % de l’électricité totale du pays. Le projet de construction des deux nouveaux réacteurs à Dukovany s’inscrit dans la stratégie du gouvernement tchèque de doubler la part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique national d’ici 2050. Avec l’ajout de ces unités ainsi que l’intégration de réacteurs modulaires de petite taille, l’objectif est que l’énergie nucléaire atteigne 50 % de la production d’électricité.
Prague a planifié de finaliser l’accord avec KHNP d’ici mars 2025, ouvrant la voie au démarrage des travaux de construction en 2029. Selon les prévisions, le premier des deux nouveaux réacteurs pourrait être opérationnel dès 2036, ce qui permettrait de renforcer la sécurité énergétique du pays et de diminuer sa dépendance aux combustibles fossiles.
Impact financier et engagements de KHNP
KHNP a proposé de réaliser les deux nouvelles unités pour un coût total d’environ 400 milliards de couronnes tchèques, soit 17 milliards de dollars. Ce projet représente ainsi l’un des plus importants investissements étrangers dans le secteur énergétique tchèque. La société sud-coréenne s’est engagée à respecter les normes européennes de sécurité nucléaire, en plus d’apporter son expertise technologique éprouvée dans plusieurs autres projets à l’international.
Ce contrat pourrait également bénéficier à l’industrie locale tchèque, KHNP ayant promis de collaborer avec des sous-traitants locaux pour la construction et l’entretien des futures installations. Si l’accord se concrétise, il pourrait servir de modèle de coopération entre la Corée du Sud et l’Europe dans le domaine de l’énergie nucléaire.