EDF fait face à une série de réserves émises par l’Autorité environnementale sur le projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR2 sur le site de Penly, en Seine-Maritime. Dans un avis publié en octobre, l’organisme indépendant pointe des zones d’incertitude concernant la sûreté du chantier, les impacts sanitaires et les effets environnementaux du futur site nucléaire. Ce rapport s’inscrit dans la procédure d’évaluation des grands projets soumis à autorisation environnementale.
L’Autorité environnementale estime que plusieurs paramètres liés au projet nécessitent des analyses complémentaires, notamment en ce qui concerne les risques de submersion dus au changement climatique, les rejets de substances chimiques en mer et la destruction d’habitats marins sensibles. EDF prévoit de construire deux réacteurs de type EPR2, chacun d’une puissance de 1 670 mégawatts, en bord de Manche.
Des risques liés aux aléas climatiques et aux rejets chimiques
Le rapport met en avant une prise en compte jugée « encore insuffisante » du dérèglement climatique dans la conception des réacteurs. Les experts estiment que le projet ne prend pas suffisamment en considération le risque de submersion dû à la montée des eaux et à l’intensification des tempêtes. Par ailleurs, les rejets toxiques et cancérigènes dans la mer ne sont pas estimés à l’échelle complète de la centrale, empêchant d’évaluer leur conformité avec la réglementation actuelle.
Les auteurs soulignent également que le projet entraîne la destruction d’habitats marins remarquables sans mesures de compensation proportionnelles à l’impact écologique attendu. Le rapport s’inquiète aussi de l’absence d’information claire sur le coût du démantèlement futur des installations et sur les moyens financiers que l’exploitant devra provisionner pour la gestion des déchets.
Des documents partiellement inaccessibles aux évaluateurs
L’Autorité environnementale exprime des réserves sur l’accès aux documents de sûreté, certaines sections ayant été exclues pour des raisons de sécurité avancées par EDF. Cette restriction aurait limité la capacité d’analyse complète de la commission, alors même que les documents soumis vont parfois au-delà des obligations réglementaires en matière de confidentialité.
EDF a réagi en indiquant que la protection de l’environnement fait partie intégrante de la conception des EPR2. L’entreprise a assuré qu’une réponse complète à l’avis de l’Autorité serait apportée dans le cadre de l’enquête publique prévue en 2026. Le chantier des aménagements préparatoires a pu démarrer à la suite d’une autorisation environnementale accordée en 2024, bien que l’autorisation de création des réacteurs soit toujours en cours d’instruction.