EDF Renouvelables a acté la fermeture définitive de sa filiale Photowatt, située à Bourgoin-Jallieu en Isère, un épilogue attendu après des années de pertes cumulées et de tentatives infructueuses pour relancer l’activité. Avec un déficit annuel oscillant entre 20 et 30 millions d’euros, la société n’a pas su trouver d’équilibre financier dans un secteur fortement dominé par des acteurs asiatiques.
Une décision stratégique face à des pertes chroniques
La fermeture de Photowatt découle d’un constat : les efforts pour attirer un repreneur capable de pérenniser l’activité ont échoué. Le dernier espoir, un projet porté par la société française Carbon, a été abandonné fin 2024 après un avis défavorable émis par le Comité social et économique (CSE). Les syndicats, sceptiques quant à la solidité du plan proposé, avaient exprimé des doutes sur sa crédibilité et sa capacité à répondre aux enjeux industriels.
EDF Renouvelables a déclaré qu’elle chercherait désormais à valoriser le site, mais non l’activité, limitant ainsi les perspectives de relance pour la production de panneaux solaires en France.
Un secteur sous pression
Cette fermeture illustre les défis persistants de la filière photovoltaïque en Europe, soumise à une concurrence féroce des fabricants chinois. Ces derniers dominent le marché grâce à des coûts de production plus bas, soutenus par des stratégies industrielles étatiques agressives. Pour Photowatt, autrefois symbole d’une ambition française dans le solaire, la course est désormais terminée.
La stratégie d’EDF Renouvelables, qui avait repris Photowatt en 2012 pour éviter une liquidation immédiate, montre ici ses limites. Cette décision reflète également un repositionnement d’EDF sur des segments jugés plus compétitifs et alignés sur ses priorités stratégiques.
Impact sur le tissu industriel et social
Pour les 162 salariés concernés, la fermeture est une épreuve attendue mais douloureuse. L’intersyndicale a réagi en appelant à un traitement “digne et respectueux” des employés, tout en insistant sur des mesures d’accompagnement adaptées. Une réunion du CSE prévue début février définira les modalités d’un plan social qui s’étendra sur plusieurs mois.
Dans un contexte plus large, cette décision pose une question cruciale : quelle place pour l’industrie photovoltaïque européenne face à la concurrence internationale ? Si Photowatt disparaît, c’est une part de souveraineté énergétique que la France abandonne, accentuant sa dépendance à des importations.
Des leçons pour l’avenir
La fermeture de Photowatt dépasse le simple cadre industriel. Elle souligne la nécessité d’une stratégie cohérente pour soutenir les industries énergétiques nationales. La gestion de cette crise par EDF sera scrutée de près par les décideurs économiques et politiques, tandis que la filière solaire européenne cherche à renforcer sa compétitivité face à des géants mondiaux.