E.ON, premier opérateur de réseaux énergétiques en Europe, a exprimé ses inquiétudes quant aux réformes en cours encadrant la rémunération des gestionnaires de réseaux en Allemagne. La directrice financière du groupe, Nadia Jakobi, a souligné que l’incertitude persistante autour du dispositif dépassait les attentes du groupe, suscitant des doutes sur la viabilité économique des futurs investissements.
Une réforme clé pour les rendements du secteur
L’Agence fédérale des réseaux d’Allemagne prépare actuellement une réforme visant à fixer de nouveaux plafonds de rentabilité pour les gestionnaires de réseaux électriques à partir de 2029. Cette mesure cherche à équilibrer la modération des coûts pour les consommateurs avec la nécessité de garantir un cadre incitatif pour les investisseurs. Selon E.ON, le projet actuel ne reflète pas fidèlement les coûts de financement supportés par les opérateurs, ce qui pourrait peser sur leurs marges.
Nadia Jakobi a précisé que le groupe n’excluait pas de recourir à des actions juridiques si la version finale du texte s’écartait trop de ses attentes. Elle a ajouté que la réforme devait impérativement assurer un niveau de rentabilité compatible avec les investissements massifs requis pour renforcer les infrastructures électriques, notamment face à la montée en puissance des centres de données alimentés par l’intelligence artificielle (IA).
Une pression accrue sur les marchés financiers
Le cours de l’action E.ON a reculé de 4,5 % en séance, atteignant son plus bas niveau depuis plus de deux mois, reflétant les inquiétudes des investisseurs face à cette incertitude réglementaire. Parallèlement, le groupe a indiqué que ses investissements avaient progressé de 8 % sur les neuf premiers mois de l’année, tout en confirmant ses perspectives financières pour 2025.
Le régulateur n’a pas encore publié la version définitive de la réforme, mais selon les déclarations de la direction d’E.ON, les discussions semblent proches de leur aboutissement. Le groupe insiste pour que le cadre final reste suffisamment attractif afin de maintenir le rythme des investissements nécessaires au développement des réseaux de transport d’électricité dans le pays.
Une visibilité limitée avant 2026
Les analystes de Bernstein estiment que l’incertitude réglementaire pourrait retarder les décisions stratégiques d’E.ON concernant l’expansion de ses infrastructures jusqu’en février 2026. Ce manque de visibilité complique la planification d’investissements de long terme dans un contexte de forte demande énergétique et de transition technologique rapide du système électrique allemand.