La transition énergétique s’accélère dans le secteur industriel, et Dunkerque se positionne comme un acteur clé de cette dynamique. Le territoire, qui représente une part significative des émissions de gaz à effet de serre en France, s’engage dans un vaste chantier d’infrastructures électriques. Ce projet vise à répondre à une demande croissante en électricité, alimentée par la volonté des industries de se défaire des énergies fossiles et d’adopter des solutions plus durables. Les enjeux sont multiples, allant de la nécessité de moderniser les infrastructures à la mise en place de nouvelles sources d’énergie renouvelable.
Dans la zone industrialo-portuaire, les entreprises traditionnelles, telles qu’ArcelorMittal, cherchent à réduire leur empreinte carbone. Le sidérurgiste prévoit d’investir massivement pour transformer ses méthodes de production, en visant une production d’acier sans émissions de CO2 d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, il devra augmenter sa capacité électrique, passant de 200 MW à potentiellement plus de 2.000 MW grâce à l’hydrogène vert. Ce changement s’inscrit dans un contexte où de nouveaux acteurs, comme Verkor et Prologium, s’installent également dans la région pour développer des giga-factories de batteries, renforçant ainsi l’écosystème industriel local.
Investissements massifs pour une transition réussie
RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, joue un rôle central dans cette transformation. Avec un investissement prévu de 1,5 milliard d’euros d’ici 2030, RTE s’engage à augmenter la capacité du réseau de Dunkerque de 1.500 MW à 6.000 MW. Ce projet comprend la création de nouveaux postes de transformation et l’installation de liaisons aériennes de haute tension. Laurent Cantat-Lampin, directeur régional de RTE, souligne l’importance de ces infrastructures : « Dunkerque est un laboratoire, il y a toutes les problématiques de transition énergétique. » Ce développement est crucial pour soutenir les ambitions des industries locales et répondre à leurs besoins croissants en électricité.
Les travaux de construction des nouvelles infrastructures devraient débuter dans un délai de deux à trois ans. L’un des défis majeurs consiste à intégrer ces nouvelles lignes dans un paysage déjà saturé de câbles électriques, tout en minimisant l’impact sur les riverains. La planification minutieuse de ces projets est essentielle pour garantir une transition fluide vers une économie décarbonée.
Les défis de la compétitivité énergétique
Malgré les avancées en matière d’approvisionnement électrique, la compétitivité des tarifs reste une préoccupation majeure pour les industriels. Aluminium Dunkerque, par exemple, consomme l’équivalent de l’électricité nécessaire pour alimenter une ville d’un million et demi d’habitants. Pour réduire ses émissions de 70 % d’ici 2050, l’entreprise doit investir 3 milliards d’euros et trouver 300 MW supplémentaires. Cependant, les nouvelles conditions tarifaires proposées par EDF suscitent des inquiétudes. Laurent Courtois, directeur Energie et climat d’Aluminium Dunkerque, insiste sur la nécessité d’un contrat « décarboné et compétitif » pour assurer la viabilité de l’entreprise.
Les acteurs locaux reconnaissent que l’accès à une électricité abondante ne suffit pas. La compétitivité des prix est tout aussi cruciale pour attirer et maintenir les investissements dans la région. Les entreprises doivent naviguer dans un environnement où les coûts de l’énergie peuvent influencer directement leur capacité à innover et à se développer.
Une vision à long terme pour la décarbonation
La transition vers une économie décarbonée à Dunkerque ne se limite pas à la simple augmentation de la capacité électrique. Elle implique également une réflexion stratégique sur les sources d’énergie utilisées et les technologies mises en œuvre. Les projets de parcs éoliens en mer et de nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 à Gravelines sont des éléments clés de cette stratégie. Ces initiatives visent à diversifier le mix énergétique et à garantir un approvisionnement stable et durable pour les industries.
Les perspectives d’avenir pour Dunkerque sont prometteuses, mais elles nécessitent une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés. La réussite de cette transition dépendra de la capacité des entreprises à s’adapter aux nouvelles réalités du marché de l’énergie et à innover dans leurs processus de production. La région aspire à devenir un modèle de décarbonation, mais cela nécessite un engagement collectif et des investissements soutenus pour transformer les ambitions en réalité.