Drax, énergéticien britannique bien connu, est désormais identifié comme le principal émetteur de CO2 au Royaume-Uni, selon une étude récente du think tank Ember. L’analyse précise que Drax représente à lui seul 3 % des émissions de dioxyde de carbone du pays, un chiffre qui surpasse largement les émissions combinées des quatre autres centrales les plus polluantes du Royaume-Uni. Ces révélations interviennent alors que Drax bénéficie de près d’un demi-milliard de livres sterling de subventions publiques pour produire une électricité supposément verte à partir de biomasse.
Le rapport d’Ember remet en question la pertinence de ces subventions, soulignant que la combustion de bois, principalement importé, pour générer de l’électricité, pourrait aller à l’encontre des objectifs de neutralité carbone du Royaume-Uni. Ember critique également l’impact de cette pratique sur l’indépendance énergétique du pays, arguant que des solutions domestiques comme l’énergie solaire et éolienne devraient être privilégiées pour assurer une véritable sécurité énergétique à long terme.
La biomasse au centre des débats
L’utilisation de la biomasse par Drax, bien que défendue par l’entreprise comme une solution alignée sur les objectifs de neutralité carbone, est vivement contestée. Drax soutient que le CO2 émis lors de la combustion du bois est compensé par l’absorption de CO2 par les arbres lors de leur croissance. Cette approche s’appuie sur une méthodologie de comptabilité carbone largement acceptée et reconnue internationalement, y compris par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Cependant, le rapport « Climate Change 2022 » du GIEC apporte des nuances cruciales à cette position. Il souligne que l’impact environnemental de la biomasse dépend fortement de divers facteurs, dont les conditions de production du bois et les technologies de conversion utilisées. Ces nuances sont essentielles dans un contexte où la durabilité des pratiques énergétiques est de plus en plus surveillée par les régulateurs et la société civile.
Conséquences et réactions
Les révélations d’Ember ont eu des répercussions immédiates, tant sur le plan politique qu’au sein de la société civile. Une enquête de la BBC, diffusée au début de l’année, avait déjà accusé Drax de se fournir en bois dans des forêts rares au Canada, ce que l’entreprise dément en affirmant que tous les copeaux de bois utilisés dans sa centrale sont récoltés de manière durable et légale. Face à ces critiques, Drax a annoncé son intention d’implémenter une technologie de capture du carbone après combustion pour atténuer son empreinte carbone.
Cette controverse s’est également traduite par des tensions sur le terrain. La semaine dernière, la police du Yorkshire Nord a arrêté 22 manifestants écologistes qui prévoyaient d’installer un camp climatique autour de la centrale de Drax à Selby, avec l’objectif de perturber les opérations du site. Ces arrestations témoignent de la polarisation croissante autour de l’utilisation de la biomasse dans la transition énergétique britannique.
Le débat autour de Drax met en lumière les défis complexes de la transition énergétique, où les subventions publiques doivent être alignées avec des pratiques réellement durables pour éviter de compromettre les objectifs de décarbonation du pays.