Dans le domaine hautement stratégique et politisé des négociations sur le climat, la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) illustre une mosaïque en perpétuel mouvement. Cinq blocs administratifs principaux – africain, arabe, asiatique, européen de l’Est, et occidental – structurent le paysage, auxquels s’ajoutent l’Amérique latine et les Caraïbes. Cependant, au-delà de ces regroupements officiels, des coalitions d’intérêts émergent, façonnées par des alliances parfois éphémères et des tensions géopolitiques sous-jacentes.
Groupes Traditionnels et Coalitions Émergentes
Les blocs traditionnels, tels que le G77, regroupant 134 pays en développement et la Chine, côtoient des coalitions plus récentes, comme l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), unis face à la menace existentielle de la montée des eaux. L’Union Européenne (UE), bien que sans vote distinct, joue un rôle pivot, souvent en recherche de consensus entre les différents groupes.
Responsabilités et Thématiques Transversales
Les responsabilités au sein de la CCNUCC se divisent en trois catégories: pays développés (OCDE), pays développés avec responsabilités financières spéciales, et pays en développement. Les sujets de négociation transcendent les frontières géographiques, englobant la réduction des émissions, l’adaptation, le financement, ainsi que les pertes et dommages climatiques.
Alliances Fluides et Positionnements Stratégiques
Les alliances entre blocs, fluides et stratégiques, se modèlent en fonction des propositions sur la table. Par exemple, l’Umbrella Group, formé de pays développés opposés au G77 et aux PMA, reflète une dynamique concurrentielle, tandis que des pays aux « responsabilités spéciales » peuvent se retrouver aux côtés de nations en développement.
Le Facteur Géopolitique
Selon François Gemenne, politologue et membre du GIEC, les négociations climatiques, autrefois perçues comme immunisées contre les tensions géopolitiques, sont désormais influencées par ces dernières. Cette interconnexion complexifie les débats, rendant les positions moins prévisibles et unifiées.
La Voix des Pays Vulnérables
Jennifer Allan, de l’IIDD, souligne l’unité inhabituelle des pays en développement sur les questions de pertes et dommages, reflétant une solidarité face à des défis communs, malgré des intérêts parfois divergents.
Les négociations de la COP28, prévues pour durer treize jours, s’annoncent comme un microcosme de ces dynamiques complexes. Les alliances se feront et se déferont, illustrant la nature fluide et la diversité des enjeux climatiques.
Les négociations sur le climat, bien plus qu’une simple question environnementale, sont un reflet des dynamiques géopolitiques mondiales. Leurs issues, souvent imprévisibles, sont le fruit d’alliances fluctuantes et de stratégies diversifiées, témoignant de la complexité et de l’urgence des défis climatiques actuels.