Deux navires transportant du pétrole russe ont été touchés par des attaques de drones successives en mer Noire, alors qu’ils se dirigeaient vers le port de Novorossiïsk. Les deux tankers, le Kairos et le Virat, battant pavillon gambien, étaient sous le coup de sanctions occidentales et identifiés comme faisant partie de la « flotte fantôme » acheminant du brut russe malgré les restrictions. Les frappes ont eu lieu vendredi soir, puis de nouveau samedi matin dans le cas du Virat, à proximité immédiate de la zone économique exclusive turque.
La Turquie a rapidement exprimé sa préoccupation à travers une déclaration officielle du président Recep Tayyip Erdogan, évoquant une « escalade inquiétante ». Ankara considère ces attaques comme une menace directe à la sécurité de la navigation, à la stabilité énergétique régionale ainsi qu’à l’environnement maritime. Le chef de l’État a souligné que la mer Noire est une zone stratégique essentielle pour le transport d’hydrocarbures et que la Turquie suivrait de près l’évolution de la situation.
Les flux pétroliers sous pression au large des côtes turques
Les deux navires visaient à rejoindre Novorossiïsk, un port russe majeur sur la mer Noire utilisé pour l’exportation de pétrole brut. Les frappes interviennent dans un contexte de tensions prolongées entre l’Ukraine et la Russie, où les infrastructures logistiques du secteur énergétique deviennent régulièrement des cibles militaires. Si l’origine exacte des drones n’a pas été précisée par Ankara, Kiev a revendiqué les attaques, les qualifiant de mesures contre les revenus pétroliers russes.
Les deux tankers appartiendraient à des opérateurs liés à des circuits d’exportation contournant les plafonds de prix imposés par les pays occidentaux. Ces réseaux maritimes dits « fantômes » ont proliféré depuis le début du conflit, permettant à Moscou de continuer ses livraisons vers l’Asie via des itinéraires jugés opaques. La mer Noire joue un rôle critique dans cette logistique, en particulier via les corridors entre le Bosphore et les ports russes.
Ankara maintient sa position de médiateur énergétique régional
Dans son allocution, le président Erdogan a insisté sur la position de la Turquie comme acteur attentif mais indépendant dans le conflit. « Nous adressons les avertissements nécessaires à toutes les parties concernées », a-t-il affirmé. Le chef de l’État a rappelé que son pays restait disponible pour soutenir tout plan visant à limiter l’intensification du conflit, en lien avec les discussions diplomatiques actuellement en cours.
La sécurité énergétique du bassin maritime est depuis plusieurs mois au cœur des préoccupations d’Ankara. Située à la croisée des flux énergétiques entre l’Est et l’Ouest, la Turquie a renforcé son rôle de plateforme logistique, en particulier dans le transit du gaz et du pétrole. Toute perturbation dans ces routes maritimes pourrait affecter les marchés régionaux, voire perturber certains engagements contractuels de long terme.