Malgré un potentiel énergétique conséquent, le continent africain fait face à des contraintes financières croissantes. Les paiements liés au service de la dette externe ont atteint en 2023 leur niveau le plus élevé depuis deux décennies, représentant 14,8 % des revenus issus des exportations, contre 4,5 % en 2011. Cette hausse découle principalement d’une augmentation des taux d’intérêt et d’une dépendance accrue aux prêts commerciaux plutôt qu’aux financements concessionnels des bailleurs traditionnels. Actuellement, 751 millions de personnes, soit 57 % de la population africaine, vivent dans des pays où le remboursement de la dette dépasse les budgets cumulés consacrés à la santé et à l’éducation.
Un coût de financement prohibitif pour l’Afrique
Le coût du crédit est particulièrement élevé pour les pays africains comparativement à d’autres régions en développement. En 2023, le taux moyen des obligations africaines s’établissait à 9,8 %, contre 6,8 % en Amérique latine et 5,3 % en Asie et Océanie. Cette disparité pèse lourdement sur les budgets des États africains, contraints d’allouer en moyenne 16,7 % de leurs recettes fiscales aux intérêts sur la dette publique. Le cas extrême de l’Égypte, où 70 % des revenus de l’État sont destinés au remboursement des intérêts, souligne l’urgence de la situation financière sur le continent.
Dette et développement: une équation difficile à résoudre
La crise de la dette compromet directement la capacité des pays africains à financer des investissements indispensables à leur développement. Selon les données récentes, entre 2024 et 2030, le remboursement annuel de la dette représentera en moyenne 137,4 % des besoins en financement climatique de l’Afrique. Au moins 30 États africains dépensent actuellement davantage pour les intérêts de leur dette que pour leur système de santé. En Afrique subsaharienne, les dépenses d’éducation sont désormais inférieures aux paiements d’intérêts, un phénomène observé pour la première fois en 2023.
Le cadre commun du G20 critiqué
Le cadre commun mis en place par le G20 pour traiter la dette des pays pauvres est actuellement critiqué pour son manque d’efficacité et de réactivité. Seuls quatre pays africains – le Tchad, l’Éthiopie, la Zambie et le Ghana – y ont fait appel, avec des résultats mitigés. Le processus est jugé trop lent, avec des négociations prolongées qui exacerbent les difficultés économiques des pays concernés. De plus, la participation inégale des créanciers, notamment privés, fragilise le dispositif en rendant les accords de restructuration incomplets ou insuffisants.
Pistes d’amélioration du dispositif
Face à ces défis, plusieurs propositions émergent pour réformer le cadre du G20. Parmi elles, figure l’instauration d’un moratoire automatique de deux ans sur les paiements de dette, sans accumulation d’intérêts durant les négociations. Une autre piste consiste à intégrer explicitement les besoins de financement climatique dans les analyses de soutenabilité de la dette (DSA, Debt Sustainability Analysis). Enfin, une plus grande participation des créanciers privés, assortie d’une règle claire de comparabilité de traitement, est également suggérée afin d’assurer une répartition équitable des pertes éventuelles.
En soulevant ces questions, les investisseurs peuvent mieux évaluer les risques et opportunités associés à l’impact du changement climatique sur la dette souveraine africaine.