Le développement de l’énergie éolienne en mer s’intensifie aux États-Unis, soutenu par des initiatives gouvernementales visant à augmenter la production d’énergies renouvelables. Cependant, cette expansion rencontre une opposition croissante de la part de groupes anti-éoliens qui mettent en avant la protection des baleines comme principal argument contre ces projets. Cette opposition est particulièrement forte sur la côte est, où plusieurs projets éoliens offshore sont en cours de planification ou de construction.
Les opposants affirment que les plateformes éoliennes perturbent les habitats naturels des mammifères marins, notamment des espèces en voie de disparition comme la baleine franche de l’Atlantique Nord. « Lors d’une mission de sauvetage, on me demande presque immédiatement si c’est à cause des éoliennes », explique Lauren Brandkamp, cheffe d’équipe de Whale and Dolphin Conservation dans le Massachusetts. Elle souligne que malgré les inquiétudes du public, aucune étude scientifique n’a démontré de lien direct entre les éoliennes et la mortalité des baleines.
Les campagnes anti-éoliennes se renforcent sur les réseaux sociaux
Les groupes anti-éoliens utilisent massivement les réseaux sociaux pour diffuser leur message. Ils partagent des photos de baleines échouées sur les plages, associant ces incidents aux projets éoliens en mer. « Préserver la côte est » et « sauver les baleines » sont des slogans courants utilisés pour mobiliser l’opinion publique contre les initiatives éoliennes. Ces actions ont conduit à plusieurs poursuites judiciaires visant à stopper ou retarder des projets côtiers dans divers États.
Absence de preuves scientifiques reliant éolien et mortalité des baleines
Malgré les affirmations des opposants, les études scientifiques n’ont pas trouvé de corrélation significative entre les éoliennes offshore et la mortalité des baleines. Les recherches indiquent plutôt que les causes principales des échouages incluent les collisions avec des navires et les maladies infectieuses. Douglas Nowacek, scientifique impliqué dans un projet de recherche gouvernemental, affirme : « Nous ne disposons d’aucune preuve scientifique indiquant que les éoliennes en mer sont responsables de morts d’animaux. »
Les défis environnementaux actuels influencent les migrations marines
Jenna Reynolds, directrice de Save Coastal Wildlife dans le New Jersey, observe que les changements climatiques et l’augmentation du trafic naval modifient les écosystèmes marins. « Nous observons désormais des lamantins qui migrent jusqu’ici depuis la Floride », indique-t-elle, mettant en lumière les impacts du réchauffement climatique sur la vie marine. Ces modifications des habitats naturels rendent les interactions entre les mammifères marins et les infrastructures humaines plus complexes et potentiellement dangereuses.
Le gouvernement fédéral et la transition énergétique
En parallèle à l’opposition croissante, le gouvernement de Joe Biden poursuit ses efforts pour accélérer la transition énergétique. Depuis 2021, dix nouveaux projets éoliens commerciaux en mer ont été approuvés dans le but d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national. Actuellement, trois plateformes éoliennes sont opérationnelles aux États-Unis, avec trois autres en cours de construction. Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie globale de réduction des émissions de carbone et de dépendance aux énergies fossiles.
Les opinions divergentes au sein des organisations de protection animale
Au sein des associations de protection animale, les avis sont partagés concernant les projets éoliens offshore. Jenna Reynolds de Save Coastal Wildlife se dit « ni pour ni contre » ces initiatives, reconnaissant les impacts potentiels tout en préférant une plateforme éolienne à un puits de pétrole dans les océans. Elle insiste sur le manque de preuves soutenant les revendications des groupes conspirationnistes et souligne que de telles critiques sont rares en Europe, où l’éolien en mer est déjà bien implanté.
L’impact du bruit des activités maritimes sur la faune marine
Les opposants à l’éolien avancent que le bruit généré par les plateformes en mer perturbe les sonars des baleines, les désorientant et contribuant à leur mortalité. Cependant, les études menées par des équipes scientifiques dédiées à l’éolien en mer n’ont détecté aucune mort suspecte liée aux activités éoliennes. En comparaison, les techniques de prospection pétrolière et gazière offshore sont jusqu’à 10 000 fois plus bruyantes, ce qui pose des questions sur les véritables sources de perturbation des mammifères marins.
Les défis futurs pour la cohabitation entre éolien et vie marine
Alors que l’énergie éolienne continue de se développer, la question de son impact sur la vie marine reste au centre des débats. Les changements climatiques, les modifications des écosystèmes et l’augmentation du trafic maritime complexifient la cohabitation entre les infrastructures énergétiques et la faune marine. Il est crucial de poursuivre les recherches scientifiques pour mieux comprendre ces interactions et trouver des solutions équilibrées qui favorisent à la fois la transition énergétique et la préservation des espèces marines.