Un groupe rebelle au Niger, le FPL (Front Patriotique de Libération), a revendiqué le sabotage d’un tronçon crucial de l’oléoduc reliant l’Agadem au port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Cet acte marque une escalade significative dans les tensions déjà vives entre le régime militaire de Niamey et les rebelles depuis le renversement du président Mohamed Bazoum en juillet 2023. L’oléoduc de près de 2 000 km, essentiel pour l’économie des deux pays, est exploité par la CNPC (China National Petroleum Corporation) et l’entreprise chinoise Wapco. Le sabotage, annoncé par le FPL dans un communiqué signé par son président Mahamoud Sallah, intervient comme un « premier avertissement » aux autorités militaires nigériennes.
Impact Économique et Politique
L’interruption de l’oléoduc pourrait avoir des conséquences économiques sévères. Le Niger et le Bénin dépendent fortement des revenus générés par le pétrole acheminé via cet oléoduc. Le FPL demande l’annulation d’un prêt de 400 millions de dollars promis aux putschistes de Niamey par un « partenaire chinois », sous peine de nouvelles attaques contre les infrastructures pétrolières. En plus des actions du FPL, d’autres violences menacent le pipeline. Le 12 juin, six soldats nigériens chargés de surveiller l’oléoduc ont été tués par des bandits armés dans le sud du Niger, illustrant la vulnérabilité de cette infrastructure stratégique.
Tensions Régionales
Les relations entre le Niger et le Bénin sont de plus en plus tendues depuis le coup d’État de juillet. Le Niger, soumis à des sanctions régionales, refuse toujours de rouvrir sa frontière avec le Bénin. Les autorités nigériennes accusent le Bénin d’abriter des bases militaires françaises visant à déstabiliser le Niger, accusations que Paris et Cotonou nient fermement. Cette situation s’est envenimée avec la condamnation par la justice béninoise de trois ressortissants nigériens pour « usurpation de titre et usage de données informatiques falsifiées ». Suite à ces arrestations, le régime militaire nigérien a coupé les vannes de l’oléoduc, aggravant encore les tensions.
Conséquences et Perspectives
La dégradation des relations bilatérales et les attaques répétées contre l’oléoduc font peser de lourdes menaces sur la stabilité économique de la région. Le président béninois Patrice Talon insiste sur la réouverture de la frontière pour permettre la continuité des exportations pétrolières, mais les perspectives restent incertaines.
Les prochains mois seront cruciaux pour la région, car une solution pacifique semble lointaine. Le sabotage du pipeline par le FPL pourrait être le premier d’une série d’attaques visant à forcer la main du régime militaire de Niamey. La situation requiert une attention internationale accrue pour éviter une déstabilisation plus large de la région.