Certains parcs éoliens en mer ont un effet repoussoir important sur au moins une catégorie d’oiseaux marins, indiquent jeudi des scientifiques dans une étude, qui conclut que le développement des énergies renouvelables devra à l’avenir « éviter d’amplifier la crise de la biodiversité ».
Les chercheurs basés en Allemagne ont analysé des données pour mesurer l’impact des éoliennes dans la mer du Nord allemande sur les oiseaux de la famille des Plongeons (Gaviidae), de gros volatiles aux faux airs de canard. « La distribution et l’abondance des plongeons ont substantiellement changé dans la période avant et après la construction des parcs », relatent les auteurs dans la revue Scientific Reports.
Leur présence a ainsi chuté de 94% dans un rayon de 1 kilomètre autour des parcs et de 52% dans les 10 km. Les plongeons ont même quasiment complètement disparu autour de deux des parcs. « Dans tous les cas, les éoliennes ont créé une sorte de halo autour de ces constructions », notent les auteurs. « Nous sommes assez sûrs que les plongeons réagissent surtout à l’existence et à la visibilité de ces structures et moins au mouvement des pales », indique à l’AFP Stefan Garthe, de l’université de Kiel, l’un des auteurs de l’étude.
« Il semble qu’ils évitent toute activité humaine au-dessus de la surface » et sont notamment « très sensibles au trafic maritime », relève-t-il. La population totale estimée autour de tous les parcs a décliné de près d’un tiers, de 34.865 oiseaux avant construction à 24.672 après. « Les oiseaux se sont éloignés des éoliennes pour se regrouper à la distance la plus éloignée possible », souligne Stefan Garthe. « Mais ces nouvelles zones de vie sont probablement moins favorables pour l’alimentation des oiseaux, sinon ils y seraient déjà allés en masse auparavant », note-t-il.
Les chercheurs rappellent que de précédentes études avaient démontré des impacts négatifs « significatifs » pour d’autres espèces d’oiseaux, mais aucune n’a montré une réponse aussi « forte et négative » que les plongeons. « Les énergies renouvelables devront fournir une grande proportion de notre demande énergétique à l’avenir mais il est nécessaire d’en minimiser les coûts pour les espèces moins adaptables, pour éviter d’amplifier la crise de la biodiversité », concluent les auteurs.
Ils appellent ainsi à multiplier les études pour établir où les éoliennes pourront être implantées à l’avenir sans sacrifier les objectifs de conservation des espèces.