Les objectifs mondiaux en matière de transition énergétique sont basés sur des scénarios « irréalistes », a estimé mardi le patron du géant pétrolier saoudien Aramco, appelant à une accélération des investissements dans les combustibles fossiles compte tenu des pénuries d’énergie.
« Lorsqu’on ostracise les investisseurs dans le pétrole et le gaz, qu’on démantèle les centrales à charbon et au fuel, qu’on échoue à diversifier ses sources d’énergie (…) qu’on s’oppose aux terminaux de GNL (gaz naturel liquéfié) et qu’on rejette le nucléaire, on a intérêt à avoir un bon plan de transition énergétique » a déclaré le PDG d’Aramco, Amin Nasser, lors d’une conférence en Suisse.
Or, la crise actuelle a montré que ce plan n’était qu’une « succession de châteaux de sable emportés par les vagues de la réalité. Et des milliards de personnes dans le monde subissent aujourd’hui les conséquences en matière d’accès à l’énergie et de coût de la vie, qui risquent d’être graves et de se prolonger », a ajouté le patron du plus grand producteur de brut au monde.
Les consommateurs sont affectés par la flambée des prix de l’énergie consécutive à la guerre de la Russie en Ukraine et au rebond de la demande mondiale post-pandémie. La situation est particulièrement grave en Europe, où les factures d’électricité risquent d’exploser cet hiver en raison de la baisse de l’approvisionnement en gaz russe.
Depuis le début de l’année, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menée par l’Arabie saoudite, résiste aux appels des Occidentaux à pomper davantage de brut pour tenter de calmer les cours, en invoquant des capacités de production supplémentaires limitées.
En août, l’Opep a au contraire décidé de baisser sa production pour faire face au risque de récession mondiale.
Les origines de la crise énergétique sont plus profondes que la guerre en Ukraine, a martelé mardi le patron d’Aramco, critiquant les « scénarios irréalistes » sur lesquels sont basés les objectifs mondiaux de transition énergétique, que ce soit la vitesse de déploiement des énergies renouvelables ou le passage aux véhicules électriques.
« Nous ne disons pas que les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique doivent être modifiés », a-t-il précisé, mais les décideurs doivent « reconnaître qu’une offre abondante et abordable d’énergie conventionnelle est encore nécessaire sur le long terme ».
Aramco, qui est détenu essentiellement par l’Etat saoudien, a annoncé en août un bénéfice net record de 48,4 milliards de dollars au deuxième trimestre.